Des témoignages recueillis auprès des personnes issus des wilayas de Tizi Ouzou, Ghardaïa, Oum El Bouaghi, Ouargla, Tamanrasset, présents à la cérémonie de célébration de Yennayer, qui a débuté samedi à Tizi Ouzou, affirment que tous les rites pratiqués dans les différentes régions du pays ont pour objectif principal de se prémunir contre les menaces de la nature, comme la sécheresse, les épidémies, la famine, et ce par la présentation d'offrandes à la terre La fête de Yennayer, premier jour du calendrier agraire utilisé par les paysans amazighs depuis l'antiquité et qui marque l'avènement du nouvel An, célèbre à travers les rituels liés à l'Homme en rapport avec la terre nourricière. Célébré durant la deuxième semaine du mois de janvier, selon les régions (le 6 janvier dans la Vallée du Mzab, le 12 en Kabylie), Yennayer qui marque le début du calendrier amazigh basé sur les changements de saisons et les différents cycles de végétation rythmés par le positionnement des astres, est une fête que l'homme primitif dédiait exclusivement à la terre et aux forces de la nature, les exhortant à travers des offrandes et autres gestes, d'être clémentes pour une année favorable à l'agriculture. Plusieurs historiens et ethnologues qui se sont intéressés aux rituels marquant jadis la célébration de Yennayer, se sont accordés à dire que les rites entourant cette fête «se croisent avec la dimension agricole» au vue de la «sacralité» de la terre pour l'homme. Celui-ci exprime ainsi à travers cette fête le lien qui l'unit au travail de la terre. Des témoignages recueillis par l'APS auprès de participants (issus des wilayas de Tizi Ouzou, Ghardaïa, Oum El Bouaghi, Ouargla, Tamanrasset) présents à la cérémonie de célébration de Yennayer, qui a débuté samedi à Tizi Ouzou, affirment que tous les rites pratiqués dans les différentes régions du pays ont pour objectif principal de se prémunir contre les menaces de la nature, comme la sécheresse, les épidémies, la famine, et ce par la présentation d'offrandes à la terre. Et c'est la femme, «porteuse» de la vie, qui préside aux préparatifs de la fête de Yennayer en commençant par le nettoyage de la maison. Jadis les murs des maisons traditionnelles étaient repeints à la chaux, une invitation à la lumière, représentée par la blancheur de la chaux qui régnera durant l'année naissante, dans certaines régions, notamment dans les Aurès, les femmes sortaient dans les champs et ramenaient un peu de terre qu'elles parsemaient sur le sol de la maison, question pour elles d'invoquer la fécondité et la profusion. Le sol en terre battue des anciennes habitations berbères était balayé avec un ballet fait de branches de bruyère (Amezzir) qui dégage une odeur agréable et parfume la maison. Des céréales sont versées entre les jarres (Ikouffane) et les trois pierres des foyers qui constituent le trépied sont généreusement recouvertes de beurre clarifié pour symboliser la richesse et souhaiter une saison agricole abondante. Le repas de Yennayer occupe une place centrale dans ces festivités de par sa riche symbolique. En Kabylie, le sacrifice du coq, pour préparer le fameux couscous aux sept ingrédients en est un. Le choix du coq, comme animal à sacrifier pour arroser la terre de son sang, est dicté par son chant matinal, qui annonce la naissance de la lumière (le lever du jour), pensent certains historiens. Les sept ingrédients qui rentrent dans la réparation de ce plat, servi la veille de Yennayer, sont principalement des légumes secs qui symbolisent la multiplication donc l'abondance. D'ailleurs le mot Ouftyene qui désigne en kabyle les légumes secs, signifie aussi ceux qui se multiplient. Après le repas, il convient de vérifier si tout le monde a mangé à sa faim. La maîtresse de maison s'assure que tous les membres de la famille ont bien mangé en leur posant directement la question. A ces derniers de répondre : «Oui nous avons mangé et sommes rassasiés». En outre, la coutume veut que les ustensiles soient pleins et non vides ce jour là. Pour cela, il est conseillé de laisser de la nourriture dans les plats. Le lendemain matin, premier jour du nouvel An, ce souhait d'une année généreuse et abondante s'exprime à travers la préparation de mets à base de pâte qui gonfle tel que les beignets ou qui s'étire tel que le Msemene (pain feuilleté traditionnel). Des friandises, dont des fruits secs et des bonbons, sont servis le jour de Yennayer pour souhaiter une année douce. Aujourd'hui dans la wilaya de Tizi Ouzou, plusieurs aspects du rituel qui entourent la célébration de Yennayer ont disparu. Toutefois, le mouvement associatif local tente de faire revivre cette tradition en organisant des festivités. De leur côté, même si elles n'observent pas tous les rituels de Yennayer, changement de mode de vie oblige, les familles continuent à fêter dans la joie et l'opulence le premier jour du nouvel an amazigh en se réunissant le soir de Yennayer autour d'un généreux couscous au poulet et aux sept ingrédients. APS