En arabe, on aurait dit que le nom colle parfaitement au nommé. Les Pieds-nikelés dont il est question ici ne sont pas ceux de la célèbre BD française publiée à partir de 1908 dans la revue humoristique L'Epatant. Et les Pieds-nickelés dont il s'agit aujourd'hui ne sont vraiment pas épatants. Ces Branquignols sont les joueurs de la sélection nationale de football, leur entraîneur et le président de la Fédération algérienne de football (FAF). A l'origine, l'expression «pieds nickelés» signifie «ceux qui ne sont pas portés sur le travail». Elle vient du fait que les pieds en nickel sont trop précieux pour servir à marcher ou travailler, soit des pieds niclés, c'est-à-dire atteints de rachitisme ne permettant donc pas un travail soutenu. Par extension, cela veut dire, filou, escroc, pas sérieux. Et c'est tout cela que l'on a vu à la CAN au Gabon, à la lumière de deux matchs nuls dans le sens absolu du terme, livrés par une équipe de pieds plats et de guignols, à deux ou trois exceptions près. La qualification pour le prochain tour de la compétition est certes encore mathématiquement possible mais elle relèverait d'un vrai miracle ! Mais, au fond, là n'est pas la vraie question car une qualification ne transformerait pas le plomb en or ! En effet, le vrai problème du football de sélection ne réside pas forcément dans la qualité des joueurs choisis car ceux qui sont au Gabon sont des professionnels et certains jouent dans des clubs huppés et dans les meilleurs championnats européens. Il est plutôt dans le choix des sélectionneurs, leur stature et leur philosophie de jeu. Il est aussi et surtout dans la manière par laquelle la FAF gère le football de sélection. Plus problématique encore que la stature du coach est l'instabilité, très forte, à la direction des Verts, et qui est un cancer réel. Non seulement le foot de sélection n'a jamais eu à sa tête une référence internationale, mais il avait compté, avant le retour de Georges Leekens, 55 sélectionneurs en 53 ans, dont 13 étrangers, 62 au total en comptant les duos ! Record mondial absolu ! On a même eu des techniciens qui auront fait des passages d'un, deux ou trois mois ! Mais il y a également un autre record dans le record, celui de Mohamed Raouraoua comme «bouffeur de sélectionneurs» qui frappe tout aussi fortement les esprits : Leekens serait demain le 13e entraîneur et le 6e étranger à travailler sous son règne absolu en onze ans de gestion cumulée ! Avec les nationaux et les étrangers, le président actuel de la FAF n'a jamais gagné quoi que ce soit, sauf d'avoir obtenu deux qualifications de suite au Mondial : il est vrai, une performance, la seconde dans l'histoire du foot algérien, après les Coupes du monde en Espagne et au Mexique (1982 et 1986). Jusqu'ici, aucun entraîneur étranger n'a gagné quelque chose avec les Verts ou fait mieux que Vahid Hallilhodzic qui a qualifié l'Algérie au second tour d'un Mondial. Mieux ou pire que ses devanciers, Mohamed Raouraoua symbolise donc cette incapacité chronique de la FAF à donner à l'EN un entraîneur stable et de standing international. Ou à la rigueur un technicien algérien de qualité comme l'équipe nationale en a déjà eu et qui furent d'ailleurs les seuls entraîneurs à avoir obtenu des titres importants (Rachid Mekhloufi et Abdelhamid Kermali). Et si nul n'est finalement prophète en son pays, une hirondelle étrangère n'a jamais fait non plus le printemps du foot de sélection, malade, entre autres, de l'instabilité maladive et chronique de son encadrement. Et souffrant notamment des faiblesses structurelles du foot algérien en général : organisation antédiluvienne, management approximatif, formation quasi inexistante et infrastructures indignes d'un pays aussi riche et aussi jeune que l'Algérie. Le pays n'a pas encore de sélection apte à gagner une autre CAN ou de se qualifier de nouveau pour le second tour d'une Coupe du monde. Elle n'a pas encore de stades en nombre suffisant et aux normes internationales. Elle ne possède même pas un terrain gazonné ressemblant à autre chose qu'un champ de patates. Alors, après tout, Leekens ou un autre de même calibre… N. K.