Deux meurtres devant l'enceinte du même établissement scolaire en l'espace de cinq mois. Les auteurs : deux collégiens qui ont usé d'une arme blanche pour mettre fin à la vie d'anciens camarades d'école. Qu'importe le motif, lequel, jusqu'à hier, n'était toujours pas connu. Ce qui ressort de cet acte est que la violence en milieu scolaire et parmi les élèves a atteint des proportions alarmantes. Ce qui s'est passé devant le CEM Saïd Zaki, à Oran, constitue plus qu'un signal d'alarme, puisque ce n'est pas la première fois que de petits bonshommes à peine sortis de l'enfance se servent d'un couteau et attentent à la vie de gamins de leur âge. L'insécurité a gagné nos écoles, et ceux à l'origine sont les élèves eux-mêmes. Il y avait déjà la peur qui rôdait depuis longtemps sur le chemin et aux alentours des établissements du fait de la présence de drogue, de dealers et de malades mentaux. Désormais, les parents ne sauront plus s'ils pourront récupérer leur enfant sain et sauf à la sortie de l'école. Le port d'armes prohibées au sein des CEM et des lycées devient banal. S'il est vrai qu'on ne peut procéder à la fouille quotidienne de tous les élèves, il faut reconnaître toutefois que la brutalité fait partie de l'enseignement et que l'école ne représente plus ce lieu où l'on inculque l'amour du prochain, l'humanisme et le civisme. On y a banalisé la violence verbale et physique sur les élèves, c'est au tour de ces derniers de la prendre à bras-le-corps. Coups et insultes sont devenus monnaie courante de la part de ceux censés être des pédagogues, et ce ne sont pas les plaintes des enfants qui pourront les en dissuader puisque l'administration ne s'en soucie guère. Les récriminations des parents ne trouvent pas d'écho, l'impunité dont bénéficient les enseignants ne fait qu'alimenter la rancœur chez leurs victimes. Beaucoup parmi ces éducateurs ne se départissent pas d'un langage grossier, insultent et recourent aux coups de poing et de pied envers leurs élèves. La violence scolaire n'est pas le produit de l'école ! Cette déclaration de la bouche du ministre de l'Education nationale laisse perplexe lorsqu'on sait le comportement brutal des enseignants. Une telle déclaration va de pair avec le report de la rencontre sur la violence en milieu scolaire. «Il n'y a pas le feu», semble dire la tutelle, alors que le brasier risque de tout emporter dans les établissements scolaires. Il y a quelques années, le meurtre commis par un élève de 13 ans sur un de ses camarades dans l'enceinte même d'un CEM de la banlieue d'Alger, parce qu'il s'est, semble-t-il, moqué de lui, avait défrayé la chronique. Aujourd'hui, ce fléau tend à se banaliser et le premier responsable du secteur de l'éducation cache mal l'impuissance de son ministère à l'enrayer. R. M.