Dans un continent en ébullition et dont plusieurs pays connaissent l'instabilité et l'insécurité, répondre aux aspirations en matière de paix et de développement devient un défi majeur, que l'Union africaine (UA) entend relever, avec les meilleures garanties de réussite. Or, une des plus importantes garanties est certainement l'indépendance de l'Organisation et sa mise à l'abri de toutes pressions et interférences. Dans cette perspective, l'organisation continentale s'est penchée, dans ses réformes, sur la question épineuse des financements pour s'émanciper de la dépendance des puissances étrangères. Le président rwandais, Paul Kagamé, chargé de la réforme des institutions de l'organisation panafricaine, a remis aux chefs d'Etat et de gouvernement africains le rapport établi en la matière, à l'occasion du 28e sommet de l'Union africaine (UA). La réforme l'UA, un des points cardinaux à l'agenda des dirigeants africains, s'est imposée comme un besoin vital pour redynamiser l'organisation afin qu'elle puisse répondre aux aspirations du continent africain en matière de développement et de sécurité. Cette réforme, jugée «indispensable», vise à donner plus de vitalité et d'efficacité à l'UA afin qu'elle puisse répondre aux impératifs d'intégration et de développement de l'Afrique, et atteindre, entre autres, les objectifs assignés dans l'agenda 2063. L'Union africaine doit également renforcer son rôle, notamment dans l'instauration de la paix et de la sécurité au moment où plusieurs régions du continent sont confrontées à une instabilité récurrente aux niveaux politique et sécuritaire. Pour réaliser ce chantier, le président rwandais s'est entouré d'une équipe d'experts qui l'ont aidé à tracer les contours de cette réforme, dont des économistes et des experts en finance. La question du financement de l'UA, c'est-à-dire son «nerf de la guerre», s'est imposée d'elle même, car c'est un facteur important pour assurer l'indépendance de l'organisation pour atteindre ses objectifs d'instauration de la paix et de développement de l'Afrique. le financement est donc l'une des problématiques soulevées dans le cadre de cette réforme. Les chefs d'Etat et de gouvernement semblent s'accorder sur la nécessité de trouver des mécanismes de financement internes à l'Afrique. Car, a-t-on noté, pour l'exercice 2016-2017, «hors opérations de maintien de la paix, le budget de l'Union africaine a été évalué à 707 millions d'euros», un montant, précise-t-on, qui dépend à 73% de l'apport des donateurs étrangers : Union européenne, Etats-Unis, Chine et Banque mondiale, selon des médias. Afin de résoudre ce problème, l'Organisation s'est engagée à financer son budget de fonctionnement en utilisant principalement des ressources domestiques pour qu'elle puisse contrôler ses programmes et ses activités. Pour cela, il a été proposé que chaque Etat instaure une taxe sur les importations de 0,2%. Selon ses calculs, cette taxe devrait rapporter 1,2 milliard de dollars en 2017. Ce prélèvement permettra de financer le budget opérationnel de l'UA, dont 75% seront consacrés au programme, tandis que 25% seront destinés à soutenir les opérations de maintien de la paix, selon un responsable au sein de l'organisation. Cette taxe aidera également à réduire la dépendance vis-à-vis des fonds des partenaires pour la mise en oeuvre des programmes continentaux et d'alléger les pressions exercées sur les Trésors nationaux, estime-t-on de même source. Les propositions de Paul Kagamé ont été formellement adoptées par les chefs d'Etat et de gouvernement africains, en ouverture du 28e sommet de l'UA, même si certains Etats membres ont demandé du temps pour évaluer les dispositions du projet, a-t-on indiqué à Addis-Abeba. Le président tchadien, Idriss Deby, s'est réjoui que l'organisation panafricaine se soit engagée dans une série de réformes considérées comme «nécessaires». Elu à la tête l'UA en remplacement d'Idriss Deby, le président guinéen Alpha Condé a exprimé sa satisfaction pour le travail accompli dans le cadre des réformes notamment la partie financement. De son côté, le président gabonais Ali Bongo a déclaré à l'agence officielle que la réforme de l'Union africaine était «en route», ajoutant que de « bonnes décisions ont été prises dans ce sens». «Des décisions qui sont très importantes auxquelles nous allons nous en tenir», a-t-il dit. L'Algérie qui a appuyé ces reformes, a souligné l'impérieuse nécessité de les mettre en oeuvre, assurant toutefois que les principes fondamentaux contenus dans l'Acte constitutif de l'Union ne seraient pas touchés. Selon certains points contenus dans le rapport de la réforme, rapporté par l'agence officielle, il est proposé notamment d'établir une meilleure division du travail entre la Commission de l'UA, les communautés économiques régionales et les Etats membres. Autre point inscrit, ajoute-t-on : la transformation du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) en agence de développement de l'UA. Aussi, le rapport propose le renforcement des compétences du président de la Commission africaine. Il est également recommandé la mise en oeuvre immédiate de la «taxe Kaberuka» de 0,2 % sur les importations dont le principe a été adopté lors du sommet de juillet et le renforcement des sanctions pour les pays qui ne paient pas leur contribution. A. B.