Le président de la Banque centrale européenne (BCE) s'est déclaré lundi hostile à tout assouplissement de la réglementation bancaire, prenant ainsi le contre-pied de la position défendue par Donald Trump. Le président de la Banque centrale européenne (BCE) s'est déclaré lundi hostile à tout assouplissement de la réglementation bancaire, prenant ainsi le contre-pied de la position défendue par Donald Trump. Une régulation trop lâche a été une cause majeure de la crise financière il y a 10 ans et revenir à cet état de fait serait dangereux pour la stabilité du système financier, a fait valoir Mario Draghi. «La dernière chose dont nous ayons besoin à l'heure actuelle est un assouplissement de la régulation», a-t-il déclaré devant la commission économique du Parlement européen réunie à Bruxelles. «L'idée de retrouver les conditions qui étaient en place avant la crise est préoccupante», a-t-il dit, soulignant le rôle positif joué selon lui par l'environnement prudentiel créé depuis la crise financière de 2008. La BCE a la responsabilité de la supervision des principales banques de la zone euro. Donald Trump a signé vendredi un décret ordonnant une révision de la régulation du secteur financier aux Etats-Unis, s'attirant les vives critiques du camp démocrate, qui l'accuse de s'aligner sur les banquiers de Wall Street. Par ce décret, le président américain met la pression sur Janet Yellen, l'homologue de Mario Draghi à la tête de la Réserve fédérale américaine, priée de prendre ses distances avec les efforts internationaux en matière de réglementation. La Maison-Blanche a parallèlement annoncé que le travail se poursuivrait avec le Congrès, à majorité républicaine, sur un «texte législatif» censé répondre à la loi Dodd-Frank de régulation financière. «Grave erreur» Pour Andreas Dombret, membre du directoire de la Bundesbank, assouplir la régulation bancaire serait une «grave erreur» qui augmenterait le risque d'une nouvelle crise financière. «C'est pourquoi je considère d'un œil critique l'éventuel relâchement de la régulation aux Etats-Unis qui est en cours de discussion», a dit le banquier central allemand qui siège par ailleurs au comité de Bâle chargé de définir les règles prudentielles. Le rôle d'une Banque centrale n'est pas de manipuler les devises, a dit par ailleurs Mario Draghi, en réponse à une question sur les propos de Peter Navarro, conseiller de Donald Trump pour les questions commerciales, accusant les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis de dévaluer leur monnaie. «Tout d'abord, nous ne sommes pas des manipulateurs de devises», a dit le président de la BCE. «Deuxièmement, nos politiques monétaires reflètent les différents états du cycle (économique) de la zone euro et des Etats-Unis», a-t-il ajouté. «Le marché unique ne survivrait pas à une succession de dévaluations compétitives». Les propos du conseiller de Donald Trump tranchent avec la politique du «dollar fort» défendue depuis deux décennies par les prédécesseurs de l'actuel président. Ils suggèrent en outre que la nouvelle administration américaine se considère comme moins tenue par l'engagement pris après la crise financière par les dirigeants du G20 d'éviter de mettre en œuvre des politiques de change leur donnant un avantage compétitif. Reuters