Photo : Riad Le marathon du désert fait des émules. Au bout de sa neuvième édition, des athlètes professionnels et amateurs, originaires de vingt pays, sont venus rivaliser d'endurance dans cette difficile épreuve. Plusieurs distances sont programmées (42 km, 21, 10 et 5). Cette année, plus de 500 coureurs, dont 400 étrangers, parmi lesquels une cinquantaine d'Algériens, défient la nature dans ce qu'elle a de plus ardu. Un soleil de plomb et le désert. Le départ a été donné de Layoune et l'arrivée à Smara. Dans les différentes épreuves, les Algériens ont fait mieux que prévu. Ils avaient fière allure nos sportifs. Zine Abderezak dans l'épreuve des 42 km, Sakhri Azzedine dans les 21 km, Mouslim Samir dans les 10 km et Sedik Afia dans les 5 km, ont été les premiers à franchir la ligne d'arrivée. La gent féminine n'était pas en reste puisque Mehi et Bendebah se sont classées respectivement première et deuxième. Mais au-delà de l'exploit et de celui qui remporte les épreuves, la participation au marathon du désert est un engagement en faveur du peuple sahraoui. Les prix sont dérisoires et les récompenses symboliques ; la simple présence reste un acte éminemment politique. Les participants cotisent pour courir. Ils offrent donc de l'argent, leur corps, leur sueur et, par ricochet, leur voix, pour dire leur solidarité avec le Polisario. La 9e édition de cette épreuve a carrément vu la participation de nouveaux pays comme l'Uruguay, le Paraguay, le Brésil et le Canada. Par la force des choses et l'importance accordée par les médias aux évènements sportifs, le sport devient le terreau idéal pour lever haut les causes justes. L'esprit du sport étant celui de la compétition propre et des valeurs pures, il est devenu l'interface idéale pour sensibiliser et conscientiser l'opinion publique universelle. Et cela ne date pas d'aujourd'hui. Les amoureux de sport et de lutte idéologique et humaniste se rappellent sûrement le poing ganté de noir et levé par les athlètes américains, des Black Panthers, pour dénoncer la ségrégation raciale aux Jeux olympiques de Mexico en 1968. Il y eut aussi la liquidation physique de onze athlètes israéliens lors des JO de Munich en 1972. Et dernièrement toute la polémique qui a entouré l'organisation de ces mêmes jeux en Chine, que plusieurs pays ont failli boycotter pour dénoncer les atteintes aux droits de l'Homme que la Chine est accusée d'avoir commises. Donc, le sport rime désormais avec politique. Et la cause du Sahara occidental mobilise. Martin Fize, espagnol, double champion du monde en marathon, a tenu à participer à l'épreuve du désert. Cet évènement, en plus de constituer un tremplin pour la cause du Polisario contribue également à renforcer les structures de l'Etat. La course de l'année dernière a permis de construire un centre culturel dans la commune de Smara. Cette année, il est prévu la subvention de la Fédération sahraouie d'athlétisme et le renforcement des constructions de centres sportifs et de sport scolaire. Par ailleurs, d'autres manifestations pourraient être organisées si des pays affichent leur volonté, à savoir des tournois de football et d'autres épreuves encore. Quand une cause est juste, on court le cœur léger.