Photo : Riad De notre envoyé spécial au Sahara occidental Samir Azzoug Au lendemain de la visite de l'envoyé spécial des Nations unies au Sahara occidental, Christopher Ross, la population sahraouie est dans l'expectative. Sans verser dans un franc optimisme, c'est plutôt le sentiment d'incrédulité qui règne au sein de la population. Et cela, même si les déclarations de l'émissaire onusien se voulaient rassurantes. «C. Ross est venu pour rencontrer et écouter les autorités et organisations des différentes parties prenantes du conflit. Ses efforts et ceux des Nations unies sont louables en dépit des difficultés qu'ils rencontrent», expliquait, dimanche dernier, le ministre des Affaires étrangères sahraoui, M. Mohamed Salem Ould Salek, dans une conférence de presse animée à Smara, un camp de réfugiés sahraouis près de Tindouf. Après avoir réaffirmé l'attachement du Front Polisario à son droit d'indépendance conformément au principe universel consacrant le droit des peuples à disposer de leur existence, le ministre des AE sahraoui regrette d'un côté l'entêtement du Maroc et le manque d'enthousiasme et de positions nettes de certains pays influents. Pour cette raison, M. Ould Salek affirme que «M. Ross va continuer son périple par la visite d'Alger, de Madrid, de Paris et de Washington pour dire que la position française n'aide pas la mission des Nations unies. D'un autre côté, l'Espagne a une responsabilité historique dans la région et doit jouer son rôle. Leur rôle [France et Espagne] n'est pas celui qu'elles jouent pour le moment». Revenant sur la position du Maroc, le ministre affiche son mécontentement quant à l'obstination du royaume. «Le Maroc affiche une position intransigeante. Cela n'arrange pas les autres parties», explique-t-il. Devant ce qui ressemble à un débat de sourds, la visite de M. Ross, si elle est suivie d'une volonté franche et affirmée, pourrait présenter un départ important pour la résolution définitive du conflit. A la faveur des déclarations de l'émissaire onusien, une lueur d'espoir est permise. Trouver une solution juste et pacifique mutuellement acceptable est le souhait de tous. «Mais cela va sûrement prendre beaucoup de temps», commente un jeune journaliste sahraoui. Pour l'heure, la situation n'est pas très favorable au peuple sahraoui. Aux difficultés de la vie quotidienne dans les centres de réfugiés et à l'exode s'ajoutent les provocations et autres atteintes aux libertés perpétrées par les autorités marocaines. «La situation est grave dans les territoires occupés. Le Maroc ne cesse de violer les droits de l'Homme. Il enlève, torture et enfreint les droits d'associations et de circulation des personnes dans ces territoires. C'est un état de siège permanent», poursuit M. Ould Salek qui dénonce la pratique d'une politique d'isolement et de black-out adoptée par le Maroc en interdisant l'accès des territoires occupés aux observateurs internationaux, à la presse et aux organisations humanitaires. Devant la nouvelle démarche orchestrée par l'ONU, le Front Polisario se dit prêt à travailler en collaboration avec le secrétaire général de l'instance internationale et son envoyé spécial tout en réaffirmant sa détermination à l'autodétermination du peuple sahraoui. Dans le camp de Smara, les réfugiés reprochent au Maroc son obstination à ne pas admettre ce qui est évident. «Il va à l'encontre des décisions de l'ONU. Pourquoi n'accepte-t-il pas d'aller vers des élections libres et transparentes selon les critères des Nations unies ? De toutes les façons et d'une manière ou d'une autre, le Sahara occidental sera libéré. Peu importe le temps que cela prendra. Et qu'il se rassure, il ne nous aura pas à l'usure», garantit Ahmed, un habitant du camp. Toutefois, les réfugiés se disent oubliés par les médias internationaux. «Ce n'est que lors de manifestations sporadiques qu'on se rappelle la cause sahraouie. Dès que l'événement est passé, on oublie qu'au XXIe siècle un peuple est pris en otage», continue Ahmed. S. A. Bouteflika reçoit l'envoyé personnel du SG de l'ONU au Sahara occidental Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a reçu hier à Alger l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental, M. Christopher Ross. Ce dernier avait été reçu auparavant par le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci. L'audience s'est déroulée en présence de M. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des affaires maghrébines et africaines.