Comme prise par une crise de masochisme aigu, la droite politique française poursuit inlassablement dans le chemin qui l'éloigne du pouvoir suprême du pays qui lui était offert par le suffrage universel sans coup férir il y a quelques mois. Comme prise par une crise de masochisme aigu, la droite politique française poursuit inlassablement dans le chemin qui l'éloigne du pouvoir suprême du pays qui lui était offert par le suffrage universel sans coup férir il y a quelques mois. La crise dans laquelle elle est plongée depuis que Le Canard Enchainé a révélé les emplois présumés fictifs de son candidat à la présidence de la République en faveur de sa femme et de ses enfants, François Fillon, qui sera probablement mis en examen le 15 mars, n'a cessé de s'amplifier. Contrairement à son engagement de renoncer à sa candidature en cas de mise en examen, Fillon a changé d'avis. Il a encore réaffirmé sa détermination à aller jusqu'au bout. Le rassemblement qu'il a organisé dimanche à Paris, considéré comme un succès avec la présence de 35 000 à 40 000 convaincus, l'a renforcé dans sa volonté à ne pas écouter la grande majorité de son parti, Les Républicains (LR), qui lui demande de jeter l'éponge. Plus de 250 élus, députés, sénateurs, anciens ministres, maires, etc., lui ont tourné le dos, tout comme les centristes de l'UDI. Son directeur de campagne, le trésorier et son porte-parole ont démissionné avec toujours la même raison : le non-respect de la parole donnée. Isolé, Fillon, fort de la légitimité que lui donne son statut de candidat à la présidence élu, s'obstine donc à poursuivre son chemin quitte à ce qu'intervienne une déflagration de la droite, inévitable en cas de sa défaite annoncée à l'élection, des 23 avril et 7 mai, que pronostiquent tous les sondages. Nombreux sont ceux qui ont fait pression sur l'ancien Premier ministre de Sarkozy pour laisser la place à son second à l'élection des primaires, Alain Juppé. Mais ce plan B s'est évanoui hier en milieu de matinée. Silencieux depuis plusieurs jours, le maire de Bordeaux a prononcé une déclaration pour dire qu'il ne faudrait pas compter sur lui. «Je ne suis pas en mesure de réaliser le nécessaire rassemblement autour d'un projet fédérateur, c'est pourquoi je confirme - une bonne fois pour toutes - que je ne serai pas candidat à la présidence de la République», a dit l'un des rares gaullistes qui peut se prévaloir de cette filiation. Juppé n'a pas manqué d'accabler Fillon pour son «obstination» et son « système de défense fondé sur un complot et un soi-disant assassinat politique» par la procédure judiciaire qui le concerne. Comme il n'a pas manqué de le brocarder sur le rassemblement de dimanche et la droitisation constatée avec «le noyau des militants LR (qui) s'est radicalisé». «Quel gâchis» a déploré Juppé en rappelant que Fillon «avait un boulevard devant lui» pour remporter l'élection présidentielle. Que doit faire maintenant la droite pour ne pas tomber définitivement dans une situation de total échec à l'élection présidentielle et risquer l'éclatement de son parti ? Des initiatives se multiplient pour trouver une solution consensuelle. Recoller les morceaux autour de Fillon ? Cela semble inimaginable. Convaincre celui-ci de céder sa place à un des dirigeants de la jeune garde comme François Baroin, ancien ministre, maire de Troyes ? Ce serait la solution que prônent certains députés soutenus par Sarkozy qui a repris du service politique pour la cause. Il faut que Fillon largue son obstination ! Pour en sortir de cette situation kafkaïenne, la droite compte sur la réunion du Comité politique des Républicains qui devait se tenir hier soir «pour évaluer la situation» et une rencontre ce matin entre Sarkozy, Fillon et Juppé, à l'initiative de l'ancien Président «pour trouver une voie de sortie digne et crédible à une situation qui ne peut plus durer». En attendant, la France continue à se donner en spectacle, pendant que les Benoît Hamon, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, poursuivent leur campagne électorale brouillée médiatiquement par les turpitudes de la droite. M. M.