«A droite, l'élection présidentielle ressemble chaque jour un peu plus à une tragicomédie. Une pièce où chaque acte offre un décor différent. Après les portent qui claquent et les divorces à répétition des premiers jours de mars, l'heure serait donc au rassemblement. Et tant pis si les embrassades ne sont que pour la photo.» «A droite, l'élection présidentielle ressemble chaque jour un peu plus à une tragicomédie. Une pièce où chaque acte offre un décor différent. Après les portent qui claquent et les divorces à répétition des premiers jours de mars, l'heure serait donc au rassemblement. Et tant pis si les embrassades ne sont que pour la photo.» Cet extrait de l'ouverture d'un article de notre confrère français Le Monde résume bien les séquences du spectacle offert par la droite française depuis de longues semaines, depuis que Le Canard Enchainé a révélé les supposés emplois fictifs de la femme et des deux enfants de François Fillon, le candidat à la présidentielle victorieux de l'élection primaire. Surtout depuis le 1er mars lorsque Fillon annonça sa convocation par le juge d'instruction, le 15 du mois, pour probablement lui signifier sa mise en examen. Il a déclenché la crise dans son camp en reniant la parole donnée, c'est-à-dire de ne pas se présenter à la présidentielle en cas de sa mise en examen. L'inimaginable s'est donc produit lundi soir. Réuni quelques heures après l'annonce par Alain Juppé de son refus définitif à remplacer éventuellement Fillon, après des tractations autours d'autres options alternatives au candidat contesté, le comité politique du parti Les Républicains (LR) a sorti de son chapeau La solution surprise, rendue publique par son président Gérard Larcher. «Le comité politique, après un large échange, a renouvelé à l'unanimité son soutien à François Fillon et s'engage à œuvrer au rassemblement des familles politiques», a déclaré celui qui est également président du Sénat. Le miracle a eu lieu pour qui veut y croire, car de miracle il n'y en a eu point. Fillon l'obstiné, le déterminé que personne ne pouvait dégommer sans son assentiment, malgré la sur-droitisation de son discours en attaquant la justice et la presse, à gagner la bataille fratricide. Ce sont les circonstances et les craintes d'un suicide collectif qui ont imposé aux différentes familles politiques des Républicains un ravalement de façade, un replâtrage à seulement un mois et demi du premier tour de l'élection présidentielle, donc sans aucune marge de manœuvre temporelle. Car comment croire que les partisans de Sarkozy, de Juppé et de Lemaire ont fait une soudaine volte-face de conviction, ravalé leur salive pour se remettre au service de la candidature et du programme de Fillon qu'ils ont déserté ? Comment vont-ils se mobiliser avec gaieté de cœur, réintégrer l'équipe de campagne de leur favori par défaut et contribuer pour qu'il obtienne suffisamment de voix afin de passer le premier tour le 23 avril et l'emporter au second, le 7 mai ? Et les centristes de l'UDI, qui devaient arrêter leur position hier soir, feront-ils re-allégeance à celui dont ils n'en voulaient plus ? Sauf un nouveau coup de théâtre, c'est donc celui qui concourt pour devenir président de la République, chef de la magistrature suprême, quitte à être mis en examen par la justice dans 7 jours, qui portent les espoirs de la droite. Ce serait un cas peut-être unique dans les annales des élections présidentielles à travers le monde. Pour le moment avec les 18% de voix que lui accordent les sondages, Fillon est largement devancé par Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Si jamais son aventure électorale se terminait au soir du 23 avril, l'heure des règlements de comptes sonnera très fort au siège des Républicains. M. M.