Entretien réalisé par notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Aghiles Slimani n'a qu'une seule identité pour les amateurs de cette discipline. Son nom est natation. Un sport dont il ne se sépare jamais, à voir la témérité avec laquelle il s'y accroche contre vents et marées, dans son cas, contre les bobos de santé qui le freinent à chaque approche d'une compétition importante. Très jeune, il commence sa carrière à Tizi Ouzou où il brillera déjà, malgré ce que tout le monde sait : ni infrastructures attrayantes, ni motivation morale ou matérielle, ni piscine digne de ce nom. Son dévouement le conduit à voir et à aller plus loin. Il débarque à l'âge de dix-huit ans et commence une carrière professionnelle à la mesure de ses possibilités, un peu en retrait de ses rêves. Membre de l'équipe nationale de natation depuis son jeune âge, il est plusieurs fois champion d'Algérie et d'Afrique, et finaliste dans une compétition mondiale, mais espère toujours décrocher plus de titres. Slimani poursuit aussi des études en informatique de gestion (2e année). LA TRIBUNE : Pouvez-vous nous rappeler votre parcours ? Aghiles Slimani : Ma carrière a commencé en Algérie, plus exactement à Tizi Ouzou où j'ai fait mes premières classes jusqu'à l'âge de 18 ans. A partir de là, je suis parti à Nantes où j'ai nagé pendant trois saisons avant d'installer mes quartiers au Texas, à San Antonio, dans le cadre d'un stage avec l'équipe nationale. Depuis quelques mois, je suis revenu en France, mais, malheureusement, pour des raisons de santé, j'ai arrêté de nager pendant la saison 2006-2007. Pouvez-vous nous citer vos principaux titres ? Je suis plusieurs fois champion d'Algérie et arabe et champion d'Afrique au 4x200 mètres et finaliste aux Championnats du monde à Indianapolis au 4x200. Peut-on comparer les moyens dont vous disposez actuellement à l'étranger avec ceux du début de votre carrière en Algérie ? Pour permettre la progression d'un nageur de haut niveau, l'Algérie a d'abord besoin de piscines, lesquelles manquent beaucoup. Tous les sports ont, certes, besoin de moyens, concernant la natation, on a besoin avant tout de piscines pour pouvoir nager. Peux-tu citer les points forts de la pratique sportive en Europe ? En Europe, il y a plus de moyens matériels. Aussi, l'athlète a plus de considération et de respect de la part de tous les concernés par la discipline, avec, en plus, un plan de carrière sur plusieurs années, car, c'est important d'être stable pour avoir le temps de retrouver ses repères et pouvoir progresser. Pourquoi beaucoup de sportifs ont réussi à décrocher des titres ailleurs, alors qu'ils n'avaient pas brillé ici, malgré la volonté et le sérieux ? En plus de cet environnement dont on a parlé, en Europe, il y a beaucoup de compétitions et de challenges qui permettent au nageur de se mesurer à d'autres, de se tester à chaque période de l'année. C'est important pour progresser quand tu travailles dans un milieu où la concurrence est omniprésente, ça stimule pour travailler plus. Grosso modo, nous ne pouvons pas comparer les moyens, nous sommes loin derrière, surtout en matière d'infrastructures, même chose par rapport aux études. Même si dans le domaine de la natation les Américains sont meilleurs que les Français, notamment en ce qui concerne l'entretien des infrastructures. Quelles sont les faiblesses de la prise en charge des sportifs en Algérie ? La première, c'est de vouloir des résultats tout de suite, au lieu d'établir un plan sur plusieurs années. L'hygiène de vie et le côté technique sont négligés en Algérie. Aussi, je peux citer la prise en charge qui se déroule parfois dans des conditions un peu floues ; donc, le sportif ne sait pas vraiment s'il sera pris ou non en charge. Et puis, même quand cette prise en charge existe, elle n'est malheureusement pas régulière, donc, elle perturbe le nageur. Par la même occasion, je tiens à faire quelques remarques sur le stage effectué aux Etats-Unis ; on aurait dû aller dans des universités américaines, parce que c'est là qu'il y a les meilleurs nageurs pour progresser, mais, au lieu de cela, on a été dans des clubs où on s'est retrouvés meilleurs nageurs.