L'Union européenne s'inquiète de l'impact qu'aurait sur ses exportations de produits et productions la décision de l'Algérie de réguler ses importations. Le chef de la Délégation de l'UE en Algérie a demandé audience au ministre par intérim du Commerce, Abdelmadjid Tebboune, pour en parler. Le ministre l'a évidemment rasséréné en affirmant que les mesures adoptées par le gouvernement pour rationaliser les importations n'auront aucun effet sur le niveau des échanges commerciaux entre l'Algérie et l'UE. Tebboune expliquera que l'objectif de cette régulation est d'abord la baisse de la facture des importations et ensuite la protection du produit national. Mais l'Algérie reste résolue à mettre en œuvre les accords stratégiques conclus avec l'UE, assurera-t-il, avant de ramener l'échange sur les projets d'investissement gagnant-gagnant, saluant l'action commune des deux parties pour leur réalisation, manière de dire diplomatiquement que les relations entre l'Algérie et le bloc européen ne doivent par se limiter au commerce. En réponse, le représentant de l'UE a dit comprendre la décision de l'Algérie de revenir au système des licences d'importation et des contingents tarifaires avec l'UE, «d'autant que les accords de libre-échange conclus avec elle ne sont pas concernés par ces mesures». Tout est dit, sauf l'essentiel. Les négociateurs de l'Accord d'association Algérie-UE ont prévu des «mesures spécifiques» pour des situations où le texte est susceptible de connaitre une entorse. L'Algérie a ainsi le droit de prendre des mesures de sauvegarde quand elle constate une forte augmentation de ses importations au point de devenir une menace pour une branche de production nationale (c'est le cas des produits agricoles et de l'automobile). Elle peut aussi appliquer un droit de douane compensateur à des produits si un pays de l'UE accorde des subventions à des branches de son industrie susceptibles de porter préjudice aux branches algériennes similaires. Pour protéger des industries naissantes ou des secteurs en restructuration ou en difficultés, l'Algérie a également le droit de majorer les droits de douane en vigueur sur les produits impliqués de 25%. Enfin, en cas de dumping dommageable à une branche de production ou pouvant retarder la création de nouvelles branches, elle peut envisager des mesures anti-dumping en rétablissant les taxes sur les produits en litige. On remarquera que deux mesures au moins justifient l'adoption des licences d'importation. Et cela dans le cadre d'un accord qui est déjà défavorable à l'Algérie, l'UE ayant su le négocier pour en tirer le meilleur parti et le maximum de bénéfices, sans intégrer le principe gagnant-gagnant. H. G.