Si l'on concède que le FLN reflète généralement les orientations du sérail, nul doute que l'on s'achemine vers une reconfiguration du champ politique et médiatique dans les prochaines années. L'expérience du pluralisme politique, qui célèbre cette année ses vingt années d'existence, ne semble pas être du goût de l'ex-parti unique. Le FLN, en tout cas, entend formuler au courant de cette année des propositions de révision de la loi sur les partis politiques, de la loi électorale, de la loi sur l'information et le code communal et de wilaya. Et c'est le secrétaire général de l'instance exécutive du parti, néanmoins ministre d'Etat, représentant personnel du président Bouteflika, qui l'a affirmé hier en marge de la journée d'étude organisée au siège du parti sur le thème : “Pluralisme politique en Algérie, expérience et perspectives”. “Nous allons faire des propositions de révision de la loi sur les partis, du code de l'information, de la loi électorale et du code communal et de wilaya”, a indiqué Abdelaziz Belkhadem, à la presse. Interrogé par une consœur si la reconfiguration politique s'impose aujourd'hui, M. Belkhadem en politique a répliqué qu'elle relève de la volonté des citoyens. “La reconfiguration se fait par la volonté des citoyens à travers des élections. Mais on doit évaluer ce qui est bon dans l'expérience du pluralisme et ce qui ne l'est pas”. Ce n'est pas la première fois que cette idée de révision de la loi sur les partis revient sur la table. En 2004 déjà, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Yazid Zerhouni, avait évoqué, en marge d'une visite du Président à Mostaganem, la nécessité d'un relookage de la loi considérant que le nombre de partis en Algérie, près d'une soixantaine, est pléthorique. Le Président himself, au début de son premier mandat en 1999, avait loué l'expérience américaine où n'existent que deux puissants partis politiques. Donc allons-nous vers cette perspective ? Dans son allocution d'ouverture, Abdelaziz Belkhadem a estimé en tout cas nécessaire de faire une évaluation de l'expérience du pluralisme politique et médiatique depuis 1989. “Après 20 ans, il faut s'arrêter pour évaluer l'expérience du multipartisme. On doit l'évaluer avec le maximum d'objectivité”, a-t-il dit. “Certains la jugent positive, d'autres négative (…) Certains, au nom de la démocratie, veulent exclure d'autres, d'autres ont utilisé des méthodes contraires à la loi… Cette pluralité, est-ce qu'on la retrouve dans les médias ?” s'est-il interrogé. “Est-ce que les partis offrent aujourd'hui des alternatives ?” s'est-il encore demandé. De son côté, Abdallah Serir, professeur à l'Institut des sciences politiques, a estimé que “la transition subite a coûté cher au pays”. Considérant que le pluralisme n'est pas étranger à la société algérienne puisque plongeant ses racines dans le mouvement national, Abdallah Serir, qui a justifié le recours au parti unique après l'Indépendance, s'est étalé sur la participation populaire, le degré de liberté, la culture démocratique et la crédibilité des partis. Il a relevé, par exemple, qu'en 1997, il y avait une domination d'un parti créé quelques mois seulement sur tous les autres. Mais à ses yeux, l'expérience démocratique a toutefois montré quelques aspects positifs, notamment à travers l'alliance autour d'une seule candidature. “C'est une évolution positive”, a-t-il estimé. À noter que cette journée d'étude s'inscrit dans le cadre des préparatifs du congrès du FLN prévu le 1er trimestre de l'an prochain. Karim Kebir