Il faut se hâter lentement. Cette devise semble être celle du gouvernement qui semble prendre son temps pour signer le décret exécutif portant réduction du taux de sucre, de sel et d'autres additifs chimiques dans les boissons non alcoolisées et les aliments. En tout cas, et jusqu'à preuve du contraire, cela ne semble pas constituer une priorité ou une urgence pour lui. On peut imaginer donc que ce manque d'empressement serait lié à un lobbying des producteurs qui veulent gagner du temps et de l'argent puisque le temps c'est justement de l'argent ! Et le plus tard possible serait le mieux pour ces limonadiers qui veulent se sucrer un maximum avec le taux absolument excédentaire de sucre dans la limonade et les jus. Sans compter bien évidemment toutes les saloperies chimiques que sont les colorants, stabilisants, exhausteurs de goût, correcteurs d'acidité et autres édulcorants, conservateurs, agents de texture, antioxydants et émulsifiants tout aussi hyper nocifs ! Bref, toutes ces maléfiques substances qui commencent par un E suivi d'un chiffre. Certes, tous ces producteurs de chimie en bouteilles ou en canettes, ont fini par accepter le principe de réduire le taux ahurissant de sucre dans les boissons. Cependant, ces petits malins de la «gazouze» n'ont consenti qu'à une diminution marginale, soit un taux maximal de 137 grammes par litre jusqu'à la fin 2017, avant la mise en place d'un programme de réduction progressive sur cinq ou dix ans afin d'arriver à un taux de 110 ou 105 grammes par litre. Même à 105 g/l, on restera dans des niveaux stratosphériques qui donneront encore le vertige ! En 2003, L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait tranché au sujet des effets préventifs de l'alimentation en termes de maladies chroniques. Elle avait alors recommandé, entre autres choses, que les sucres ajoutés ne constituent pas plus de 10 % des calories quotidiennes. Dans le cadre d'une alimentation fournissant 2 000 calories, cela représente 200 calories, soit l'équivalent de 50 g de sucre. A titre de comparaison, dans cinq à dix ans, comme préconisé par les fabricants de limonades et d'ersatz de jus de fruits, on sera à peine à hauteur du taux de sucre actuel dans des boissons rafraichissantes comme Coca-Cola, Pepsi-Cola ou Fanta Orange en Europe et aux Etats Unis. Soit respectivement les niveaux de 108, 106 et 104 grammes par litre ! En réalité, les producteurs algériens s'inquiètent surtout des conséquences de la baisse, même minime, du taux de sucre, dans leurs boissons sur les ventes : Les consommateurs, accros de boissons trop sucrées, pourraient boire moins de jus et de sodas contenant moins de sucres libres. Cette propension mercantile des producteurs à maintenir le taux de sucre le plus élevé dans les boissons non alcoolisées et le laxisme des pouvoirs publics à leur égard sont inquiétants à plus d'un titre. Inquiétude à apprécier par rapport au fait qu'il n'existe pas d'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation. Des associations de protection du consommateur, des vétérinaires et des nutritionnistes avaient d'ailleurs appelé en 2016 à la création d'une «Agence nationale de l'alimentation et de la salubrité alimentaire», chargée de contrôler les produits alimentaires consommés et d'assumer le rôle de dispositif d'alerte afin d'éviter les intoxications alimentaires. Mais il n'y a pas que le problème du sucre, il y a aussi la question des additifs dans les boissons. Or il n'existe pas, à ce jour, de législation rigoureuse quant à leur usage. En Algérie, ils sont utilisés par l'industrie agroalimentaire sans autorisation de mise sur le marché en bonne et due forme. Il n'existe même pas de «liste positive» de telles substances qui doivent faire tout de même l'objet de conditions d'emploi précises, alors que toute matière non inscrite sur cette liste est interdite. Il n'y a pas par conséquent de services de l'Etat qui assurent la surveillance de la mise sur le marché des additifs et vérifient leur bonne utilisation par l'industrie agroalimentaire. S'agissant précisément du sucre et des additifs, il est grand temps de mettre en place des structures de délivrance d'autorisations nécessaires basées sur les résultats de l'évaluation des risques, notamment grâce à l'établissement de conditions d'emploi. Il peut s'agir de teneurs maximales établies par catégories de denrées alimentaires permettant le respect global de la dose pour le consommateur, à savoir le respect de la DJA, la dose journalière admissible, et de mentions spécifiques d'étiquetage ou de traçabilité. On en est bien loin. N. K.