Il est de bonne guerre que le président de la République, désormais candidat, fasse des annonces lors de ses déplacements à l'intérieur du pays. Et il est tout à fait légitime, et ils sont dans leur rôle tous les commentateurs, économistes et experts s'interrogeant sur l'usage qui va être fait de sommes considérables mises sur le tapis en dehors des règles classiques de l'orthodoxie comptable et financière. Pour le citoyen lambda, la lecture faite au premier degré est que l'Algérie a de l'argent alors qu'il y a beaucoup de chômeurs, de bidonvilles qui encerclent les grandes villes, des cités populaires aux routes défoncées et jonchées d'ordures, des coupures d'eau et d'électricité, des salles de classes sans chauffage, etc. Le risque de voir se développer des niveaux d'impatience juste après le 9 avril 2009 n'est pas une vue de l'esprit. Autrement dit, lorsque le gouvernement demande de la rigueur pour ce qui est des dépenses prévues pour de nombreux projets, le Président promet des augmentations (SNMG) dont certaines étaient portées par les syndicats autonomes. On annonce dans la foulée un nouveau système de rémunérations dans les banques (alors qu'elles en sont encore, pour un retrait, à écrire au stylo les indications portées sur la pièce d'identité du client), la création d'un fonds national d'investissements, sachant que, malgré les lois et règlements, de l'argent est parti en fumée à cause d'investisseurs et d'investissements. Le chef de l'Etat fera sûrement du terrain dans les semaines qui restent jusqu'au scrutin présidentiel. Il fera sûrement d'autres promesses, dont certaines seront jugées purement électoralistes et d'autres qui étaient mûres, dans le tiroir pour sortir au bon moment. A vrai dire, et au-delà des spéculations et des commentaires sur un éventuel taux élevé d'abstentions, ce qui ne va pas de soi, M. Bouteflika sera reconduit, et en conformité avec la loi électorale et avec la Constitution amendée. Une fois admis ce postulat et en attendant de connaître le taux de participation, il y a des attentes à combler, qui portent sur la critique, elle est nécessaire, que vont apporter les candidats à l'élection présidentielle à côté de leurs objectifs et promesses sur les plans économique, culturel, social et démocratique.Bien entendu, M. Bouteflika et ses adversaires mettront plus l'accent sur le social, le pouvoir d'achat, le coût des denrées alimentaires ; en un mot, ils parleront d'une manière directe ou indirecte de la facture alimentaire qui devient dangereuse et inquiète les experts et économistes, avec le risque de la voir encore augmenter sous les effets de la crise et la baisse possible des recettes du pétrole. Et que vont-ils proposer dans ce domaine et d'autres, qui ne soit pas uniquement lié à des affectations de budgets, des augmentations de salaires, des sommes allouées sous forme de «budget spécial» à telle ou telle wilaya. Il serait hautement apprécié que les candidats développent une approche d'ordre organisationnel et démocratique, à la base, pour que les citoyens suivent la destination de l'argent, contrôlent sa bonne utilisation et le respect des délais et des normes urbanistiques de réalisation. A un autre niveau, que propose celui qui sera élu pour rajeunir les personnels politiques, démocratiquement, administratifs, développer un puissant audiovisuel national (privé/public), des industries culturelles susceptibles d'exporter, permettre un véritable pluralisme politique et syndical ouvert sur la jeunesse et les femmes… Avec intérêt et impatience, de nombreux Algériens attendent et espèrent la confrontation des programmes, antidote majeur à l'abstention. A. B.