Demain, les Français éliront leur président de la République pour la période 2017-2022. Sauf un tsunami puissance 100 pourrait empêcher Emmanuel Macron de succéder à François Hollande à la magistrature suprême à l'issue d'une campagne électorale jugée presque unanimement indigne de la démocratie française. Les derniers sondages publiés hier donnent jusqu'à 62% de suffrages au président du mouvement En Marche ! et 38% à sa rivale du Front national, Marine Le Pen. L'abstention est annoncée record pour une présidentielle (25%) et le nombre d'indécis, des électeurs qui prendront leur décision à la dernière minute, demeure significatif. L'inédit est cependant garanti car pour la première fois le chef de l'Etat ne sera issu ni de la droite, qui a toujours cru que le pouvoir lui revient de droit divin ! ni de la gauche socialiste (Mitterrand et Hollande). Dans l'attente de demain 20h et l'apparition sur les écrans des télévisions du visage du huitième président de la Ve République, le climat ambiant français reste marqué par la campagne du second tour électoral, plus particulièrement par le spectacle révélateur offert par le si attendu, et si décevant, traditionnel duel télévisé en direct de mercredi soir entre les deux candidats rescapés du premier tour. 16,5 millions de personnes ont suivi sur leurs écrans ce qui devait être un débat qui, par la grâce de Le Pen, a souvent tourné au combat. D'emblée, la fille de son père a choisi ses armes. Non pas ceux d'un débat projet contre projet, idées contre idées avec la hauteur de points de vue qu'exige la dignité des responsabilités qui attendent le vainqueur des urnes le 7 mai, mais ceux d'un pugilat ou tous les coups sont permis, à commencer par l'insulte, l'invective, la méchanceté et le mensonge. L'objectif était de déstabiliser Macron, l'énerver. Peine perdue. Le candidat est pour l'essentiel resté droit dans ses bottes, expliquant avec pédagogie ses propositions face à celle qui est apparue sans projet consistant, d'un niveau intellectuel et politique affligeants pour une personne qui prétend diriger la France. Le lendemain, comme hier, la presse française était presque consensuelle pour «taper» sur la roublardise et l'incompétence. Pour Le Point, le duel du 3 mai «restera dans les annales» par «son niveau lamentable, et ce, de la seule responsabilité de Marine Le Pen». En conclusion, cet hebdomadaire est sans pitié contre l'extrémiste de droite : «Quand apparaît le générique de fin, on est soulagé de voir disparaître de l'écran une personne qui s'est montrée irrespectueuse du moment, de son adversaire, de l'enjeu, et finalement de la fonction qu'elle brigue». Pour Le Monde, Marine Le Pen est apparue telle qu'elle est en réalité : le visage de l'extrême droite». «A ceux qui pouvaient l'avoir oublié, ce pugilat a rappelé crûment ce qu'est l'extrême droite française». Le quotidien parisien du soir est convaincu qu'«en violant tous les usages de cette confrontation, en méprisant jusqu'à l'exigence de sincérité, Marine Le Pen a dévoilé ce que serait sa pratique du pouvoir, si par malheur, elle était amenée à l'exercer». M. M.