Les résultats officiels des élections législatives ont été annoncés, hier, par le ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, donnant la nouvelle configuration politique de l'Assemblée populaire nationale. Mais pas seulement. En effet, les résultats officiels du scrutin annoncent les grands perdants de cette élection. Ainsi donc, le recul du FLN a été absorbé par la percée du RND permettant aux deux principaux partis du pouvoir de maintenir leur «majorité absolue» à l'APN en totalisant 261 sièges sur un total de 462. Ce qui n'a pas été le cas pour les partis de l'opposition qui semblent être les grands perdants de ce scrutin. Le parti des Front des forces socialistes (FFS), qui a obtenu 27 sièges en 2012, en perd 13 aux élections législatives du 4 mai en pour obtenir 14, dont 5 sièges pour des candidates. Le FFS a disputé les sièges de la future APN avec un total de 33 listes et 419 candidats. Le taux d'abstention de plus de 61% a également affecté le Parti des Travailleurs (PT) de Louisa Hanoune qui a reçu un coup dur avec seulement 11 sièges. Après avoir obtenu 24 sièges en 2012, ce parti en cède donc 13 pour en recueillir seulement 11 cette année dont trois pour des femmes. Le Parti des Travailleurs (PT) s'est présenté avec 39 listes composées de 517 candidats. Avec ses 11 sièges le PT aura marqué son plus mauvais résultat depuis deux législatures. Le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), qui a boycotté en 2012, se classe derrière le PT avec seulement 9 sièges obtenus dont également trois pour des candidates. A l'annonce des résultats, la réaction de ces partis en net recul ne s'est pas fait attendre. Dans un communiqué rendu public hier, le Front des forces socialistes a estimé que «ces législatives approfondissent la faiblesse et la fragilité de l'Algérie plus qu'auparavant», ajoutant que «ces élections ont renforcé les positions de ceux qui sont responsables de cette crise multidimensionnelle que nous vivons». «Il faudrait reconnaître que le premier vainqueur de ce scrutin est en premier lieu l'abstention politique dans toutes ses formes. Vient par la suite le parti des bulletins nuls, dont le nombre n'a pas été révélé par le ministre de l'Intérieur», a souligné le FFS avant de conclure : «Seul le régime est responsable de l'abstention, lui qui a détruit et déformé la politique». Mohcine Belabbas, le président du RCD, repris par des médias électroniques a déclaré «malgré la fraude électorale, malgré le vote massif des militaires, malgré l'abstention importante, malgré le boycott des médias publics et para-publics, malgré notre boycott des élections en 2012, le RCD a obtenu neuf sièges pour les neuf listes déposées à travers le pays». De même, le chargé de communication du RCD a dénoncé sur les réseaux sociaux la fraude «au rythme où vont les triturations des scrutins par le vote des militaires, les assemblées seront de simples casernes de supplétifs», a écrit Atmane Mazouz. Le parti de Louisa Hanoune a, quant à lui, dénoncé «un coup d'Etat» contre la volonté du peuple. La secrétaire générale du parti a qualifié hier les résultats des élections législatives de «provocation lourde de la part du pouvoir». «Ces élections fragilisent davantage le régime et accélèrent sa chute. Le compte à rebours a commencé», a-t-elle soutenu. «Il y a des turbulences en haut lieu, on passe à une nouvelle étape. Pourtant, j'ai mis en garde, hier, contre la fraude et j'ai appelé au respect de la volonté populaire. Cela annonce de nouveaux développements dans la situation», a-t-elle dit avant de comparer ces élections à celles de 2010 en Egypte et en Tunisie et qui avaient amené la chute des régimes de ces deux pays. Selon Louisa Hanoune, les résultats obtenus par son parti sont une sanction «en raison de nos positions, de nos luttes et de nos soutiens aux syndicats (…)», et de conclure suggérant l'existence de quotas «on n'a jamais négocié depuis 1997, on sort vainqueur !» Il y a lieu de souligner que les accusations de fraude par les partis politiques ne vont pas peser dans la balance puisque l'administration va rappeler l'existence de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (Hiise) ainsi que les 299 observateurs internationaux qui étaient présents en Algérie durant les élections. H. Y.