Le siège du Conseil constitutionnel Les réactions post-électorales commencent à se faire entendre de la part des partis politiques qui croient que leurs voix ont été détournées pour le compte des partis de «la majorité» au pouvoir. Les partis qui n'ont pas eu les résultats escomptés à l'image du Parti des travailleurs (PT), le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le Mouvement pour la société de la paix (MSP), crient à la fraude, voire au putsch comme c'est le cas pour Louisa Hanoune. Les derniers résultats des élections législatives du 4 mai ne sont pas en odeur de sainteté pour certains partis qui préfèrent saisir le Conseil constitutionnel à travers des recours pour contester les résultats qu'ils viennent d'obtenir durant ce dernier scrutin législatif. La secrétaire générale du PT va loin dans sa démarche, elle exige «des élections partielles dans des circonscriptions qui ont été entachées par la fraude», a-t-elle souligné. Même les partis qui sont gagnés par la logique du pouvoir à l'image du TAJ de Amar Ghoul et le MPA de Amara Benyounès ont saisi le Conseil constitutionnel pour exiger «des réparations», étant donné qu'ils considèrent qu'ils ont été lésés et les résultats qu'ils viennent d'obtenir sont loin de refléter le vrai poids politique dont ils disposent selon leurs dires bien sûr. Mais les partis dits d'opposition, à savoir le MSP et le PT, ne se limitent pas à exiger que le Conseil constitutionnel essaye de prendre au sérieux leurs recours, ils vont loin dans leur logique, en contestant les résultats du scrutin du 4 mai. Louisa Hanoune n'y est pas allée avec le dos de la cuillère pour dénoncer le régime comme elle aime à le qualifier, elle considère qu'«il y a eu de la violence pour permettre le bourrage des urnes, un coup de force qui s'est généralisé entre 16h et 17h au niveau national. Nos militants ont résisté, mais n'ont pu empêcher le bourrage des urnes, car ils ont été expulsés de force des bureaux de vote», a-t-elle indiqué. C'est pour la première fois que la secrétaire générale du PT use de discours aussi virulents envers ce qu'elle qualifie comme oligarchie, alors qu'elle a toujours prôné la sérénité et la «sagesse» dans ses déclarations envers le pouvoir en place. Le PT croit dur comme fer que la fraude a été opérée de façon généralisée pour favoriser les deux partis du pouvoir en déclarant qu'«il y a eu bourrage des urnes au profit du FLN, du RND et du MPA dans plusieurs wilayas», en ajoutant que «la fraude électorale est une expression de l'essoufflement total de l'Etat qui n'a pas réussi à se régénérer», soulignant que les partisans du régime «pensent pouvoir perpétuer le système par des pratiques moyenâgeuses», a-t-elle martelé. Le RCD qui vient d'essuyer une défaite cuisante après avoir obtenu un résultat des plus piètres depuis sa participation aux joutes électorales, s'est contenté de faire le procès du système comme à l'accoutumée. Par contre, le PT affiche une véhémence des plus rares envers ce qu'il appelle «le régime», peut-être que le Parti des travailleurs ne s'attendait pas à ce que les résultats soient de la sorte, c'est-à-dire aussi chaotiques que cela puisse paraître. Le PT vient de perdre plus de la moitié de ses sièges. Même le MSP qui se voit octroyer la 3ème place sur l'échiquier politique national, ne ménage pas les pouvoirs publics, il les traite de tous les noms politiques de nature à les humilier parce qu'il considère que «la fraude de 2017 a dépassé celle des élections législatives de 1997», en ajoutant que «l'administration ait permis aux «baltaguia» (voyous) du FLN et du RND de bourrer les urnes et d'user de la violence sans intervenir», a-t-il fustigé. Mais Makri développe une espèce de logique politique qui ressemble à la chose et son contraire, il dénonce le régime à cause de «la fraude» pratiquée à haut niveau, mais par ailleurs, il dit l'inverse de tout ça en précisant que «Nous sommes un parti convaincu que le changement viendra de l'intérieur. On ne peut changer les choses si nous sommes absents dans les institutions comme l'APN, les wilayas et les communes. On ne peut rien faire, en étant dans l'opposition, à l'extérieur des instances élues», c'est le propre du MSP qui aime faire dans la courtisanerie et montrer un visage de Janus avec une dominance somme toute rebelle dans la forme. La seule formation qui a évité de commenter et de s'attaquer au «régime» malgré qu'elle a essuyé une défaite durant ce dernier scrutin, c'est le Front des forces socialistes (FFS). La direction de ce parti s'est contentée de déclarer que «le seul vainqueur de cette échéance électorale - et nous devons le reconnaître - est l'abstention sous toutes ses formes», a souligné le premier secrétaire Abdelmalek Bouchafaa. La saisine du Conseil constitutionnel ne va pas changer grand-chose à la configuration électorale en vigueur. Les recours n'apporteront pas de grands changements à la carte politique telle qu'elle vient d'être dessinée après les derniers résultats des élections législatives du 4 mai dernier.