Un taux d'abstention important a caractérisé les législatives de ce 4 mai qui ne fait que consacrer, par ailleurs, le statu quo au sein de l'APN, même si le RND a fait une percée significative par rapport à son rival, le FLN. Les élections législatives de jeudi passé n'ont pas remodelé le paysage politique. Les partis politiques laïques et les démocrates n'ont pas réussi, une fois encore, à créer de surprises pour percer dans une joute électorale dont les contours ne sont jamais bien définis. Il est vrai qu'on «ne peut pas connaître les vrais résultats tant que les règles du jeu ne sont pas connues», comme disait le président du RCD, mais les chiffres fournis hier par le ministre de l'Intérieur sont suffisamment éloquents : de 27 sièges en 2012, le nombre de députés du Front des forces socialistes est réduit à 14 membres. Il est vrai que les résultats définitifs seront communiqués par le Conseil constitutionnel. Mais le parti créé par le regretté Hocine Aït Ahmed a beaucoup perdu de son aura. Pis, contrairement au scrutin de 2012, le FFS n'a pas réussi à engranger des sièges en dehors de son fief traditionnel, la Kabylie. Même à Alger, les «camarades» de la journaliste Salima Ghezali ne seront que 3 à siéger dans l'hémicycle, contre 4 députés lors des dernières élections. Signe d'un recul de cette formation politique : son premier secrétaire national, Abdelmalek Bouchafa, n'a pas pu se faire élire dans sa ville natale de Constantine. Pourtant, le FFS a gagné, en 2012, deux sièges - contestés - dans la ville des Ponts suspendus. Comme première réaction, le FFS a rendu publique une déclaration dans laquelle il ne remet pas en cause la régularité du scrutin. Il s'est limité à demander des chiffres détaillés sur les bulletins blancs et les suffrages annulés. «Le premier vainqueur de cette élection est l'abstention», écrit le premier secrétaire national de ce parti, qui fait endosser la responsabilité de cette situation au pouvoir. Au RCD, la déception est visible. Son maigre score (9 sièges) est un recul net par rapport aux législatives de 2007, lorsque le parti, alors présidé par le très charismatique Saïd Sadi, avait raflé 19 sièges. Le parti démocrate ne peut pas espérer un score plus large du fait qu'il n'a pas réussi à constituer plus de 11 listes à l'échelle nationale. Et comme le FFS, le RCD n'a pas réussi à sortir de ses fiefs traditionnels que sont la Kabylie et Alger. Le parti de Mohcine Belabbas n'a pas encore réagi aux résultats du ministère de l'Intérieur. Mais il a dénoncé des cas de fraude. L'autre grand perdant de cette élection est le Parti des travailleurs. La formation que drive Louisa Hanoune n'est accréditée que de 11 sièges, alors qu'elle en avait gagnés, en 2012, au moins 24. Un chiffre que la députée d'Alger – qui entame son cinquième mandat d'affilée – qualifie de «coup d'Etat civil». Pour elle, le pouvoir a «sanctionné» son parti depuis qu'elle dénonce «la maffia» et «l'oligarchie». Mais comme les deux autres formations laïques, le Parti des travailleurs ne pourra pas constituer de groupe parlementaire à l'Assemblée. Sa voix restera donc inaudible et ses tonitruantes interventions n'auront pas forcément d'écho.