Le MSP dit «Non» à l'offre du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de participer au prochain gouvernement. Un refus exprimé par la majorité écrasante des membres du Conseil consultatif (Madjlis Echoura) qui s'est réuni vendredi. Cette réunion a commencé tôt le matin et s'est poursuivie tard dans la soirée. 250 voix pour le «Non» et seulement 10 pour le «Oui». Aboudjerra Soltani, l'ancien ministre et ancien chef de la formation islamiste, représentant de l'aile participationniste, ne s'attendait pas, certainement, à un tel échec. Lui qui a mené une offensive pour que le parti retrouve sa place dans le gouvernement, voire dans l'alliance présidentielle qu'il formait avec les deux autres partis au pouvoir, le FLN et le RND. L'arrivée d'Abderrezak Makri à la tête du MSP a amené l'équipe à prendre un chemin tout autre, voire une route parallèle. Aucune possibilité de croisement avec ceux qui incarnent le pouvoir en place. A la veille de la tenue de cette réunion du Conseil consultatif, Abderrezak Makri a menacé de démissionner si le Madjlis opte pour la participation au gouvernement. Cette menace aurait donc influé sur les membres et fléchi leur position, du moins une partie d'entre eux. C'est ce que pensent certains observateurs. D'autres estiment que le débat lors de cette réunion était «démocratique» et c'est la première fois qu'un parti politique décline une offre du genre, mettant ainsi dans l'embarras le gouvernement actuel et celui à venir. Il est à rappeler que lorsque Sellal, en sa qualité de chargé de mission par le président Bouteflika et non forcément Premier ministre ou chef du gouvernement qui sera composé et installé prochainement, a reçu Makri, il lui a précisé que c'était la demande du Président lui-même de voir le MSP dans le futur gouvernement. Le jour même et les jours suivants, Makri a exprimé une position claire par rapport à cette demande, en affirmant que le MSP n'a pas l'intention de réintégrer le gouvernement. C'est une idée qu'il rejette avec force mais la décision finale ne pourrait être prise que par l'instance suprême du parti, le Conseil consultatif. Après beaucoup de tensions et surtout de spéculations, le MSP a tranché la question hier. Il a dit «Non» et à la majorité écrasante. Makri sort vainqueur de sa bataille contre son prédécesseur, Aboudjerra Soltani qui, jusqu'aux dernières heures, croyait en un possible revirement de la situation. Pas du tout ! Le refus est catégorique et pleinement assumé. A en croire certains, pendant toute cette réunion du Conseil consultatif, Makri n'a pas épargné son adversaire. A plusieurs reprises, il l'a «agressé» verbalement. Chose qui a poussé Soltani à annoncer (verbalement) sa démission du parti. Jusqu'à l'heure où nous mettons sous presse, la chose n'a pas été officialisée. Ni d'ailleurs son intention de créer son propre parti. La création d'un nouveau parti par l'ancien président du MSP semble être le seul moyen de revenir en force dans la politique du pays et réaliser son objectif de réintégrer le gouvernement. Contrairement à lui, Abdelmadjid Menasra, le président du Front pour le changement (FC), a fait le sacrifice de renoncer à l'idée de la participation et a adhéré à la démarche de la majorité MSP. En effet, le FC tenait sa réunion, en même temps que le Madjlis Echoura du MSP (séparément, chacun dans son siège national). Menasra avait affirmé que son parti accueillait favorablement l'offre de Sellal. Toutefois une fois le verdict du MSP annoncé, Menasra a affirmé qu'il renonce à l'idée de participation et cela pour sauvegarder «l'union de l'alliance» MSP-FC. Un sacrifice dont se souviendra certainement Makri et qui montre la détermination des deux formations à aller au bout de leur projet de réunification des rangs du parti du défunt Mahfoud Nahnah. Abderrezak Makri, obstiné dans sa démarche et ses convictions, vise grand. Sa victoire d'hier montre la solidité des nouvelles instances du parti et le «débat démocratique» au sein de ces instances. Autrement dit, la force de ce parti vient non du fait qu'il ait été classé troisième à l'issue du scrutin législatif du 4 mai dernier mais par le bon fonctionnement de ses instances comme susmentionné et surtout la détermination et l'engagement de ses dirigeants. Une donne qui n'est pas tout à fait nouvelle et qui est à prendre très au sérieux aussi bien par le gouvernement que par les autres formations politiques. K. M.