Le président du MSP a rencontré, hier, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui l'a officiellement sollicité pour intégrer le prochain gouvernement, sur demande du président Abdelaziz Bouteflika. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) retournera-t-il dans le pouvoir après l'avoir quitté il y a cinq ans ? La question sera tranchée lors d'une réunion que tiendra son Conseil consultatif (Madjlis Echoura), après l'annonce définitive des résultats des élections législatives par le Conseil constitutionnel. C'est ce qu'a indiqué Abderrezak Makri dans un communiqué laconique posté sur sa page facebook. «J'ai rencontré, il y a quelques minutes, Monsieur le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, après des contacts par intermédiaire il y a deux jours, afin de confirmer la demande qui nous est faite d'intégrer le gouvernement», a écrit le chef du parti islamiste. Et d'ajouter que Sellal lui a «confirmé que la demande est celle du président de la République». Voilà donc ce qui donne un coup d'accélérateur aux évènements de la scène post-électorale et augure d'une nouvelle reconfiguration politique du pays à deux années uniquement de la présidentielle prévue en 2019. Le 6 mai dernier, le président du MSP dont l'Alliance avec le FC a obtenu 33 sièges dans la nouvelle Assemblée nationale, avait déclaré que «le parti restera dans l'opposition, d'autant que les conditions d'une participation au gouvernement ne sont pas réunies». Va-t-il imposer cette position maintenant que le chef de l'Etat a fait la demande au parti ? En tout cas, lors de son tête-à-tête avec le Premier ministre, Makri a répondu à ce dernier que «la décision sera prise par le Conseil consultatif national qui se réunira après le verdict du Conseil constitutionnel suite aux recours». Au sein du Madjlis Echoura de l'ex-Hamas, siège, faut-il le rappeler, l'ancien président du parti qui incarne l'aile participationniste. Aboudjerra Soltani, qui ne rate pas d'occasion pour critiquer la voie de l'opposition adoptée par son successeur depuis le congrès de 2013, et après avoir quitté le gouvernement une année avant, pourrait bien renverser les rapports de force en sa faveur et mener cette instance suprême à dire «oui» à Bouteflika. De plus, le retour de Abdelmadjid Menasra dans la maison ne peut constituer qu'un autre soutien à cette aile participationniste. Sellal reconduit? Cependant, il ne faut pas oublier aussi que le MSP a crié à la fraude au lendemain des législatives du 4 mai et accusé le pouvoir de l'avoir spolié de milliers de voix. De ce fait, accepter d'intégrer le gouvernement dans de telles conditions revient à renier ses positions d'il y a quelques jours. C'est pourquoi il faut s'attendre, dans le cas où le parti serait favorable à un retour dans le giron du pouvoir, à ce que l'institution de Mourad Medelci lui accorde des sièges supplémentaires suite à ses recours. Histoire de donner un certain crédit à la démarche. Sur un autre plan, la rencontre Sellal-Makri tranche de façon quasi certaine la question du futur Premier ministre. En chargeant Abdelmalek Sellal de mener les négociations avec les partis politiques, le président Bouteflika semble avoir opté pour la stabilité et la continuité. Sellal sera donc, sauf surprise de dernière minute, reconduit à la tête du prochain gouvernement. Selon la Constitution, le président de la République nomme son gouvernement après consultation de la majorité parlementaire. Et du moment que l'appartenance de l'actuel chef de l'Exécutif au FLN est du domaine public, il n'y a presque plus de doute que Sellal sera maintenu à son poste. La tradition en politique voudrait que ce soit celui qui mène les tractations qui dirige le gouvernement. Cette fois-ci, Abdelmalek Sellal conduira un gouvernement qui sera composé, outre du FLN et du RND, probablement du TAJ et du MPA, voire même de l'ANR et du Front El Moustakbal. Reste à savoir si les islamistes en feront partie...