Quelle attitude adoptera le MSP après l'invitation officielle qu'il a reçue du gouvernement, et ce, sur instruction du chef de l'Etat, pour intégrer l'Exécutif ? Aujourd'hui plus que jamais la question de la participation au prochain gouvernement divise le MSP. Entre ceux qui veulent rejoindre et ceux qui préfèrent le statut de l'opposition, l'arbitrage viendra de la partie sage, à savoir le conseil consultatif (madjlis echoura). C'est du moins ce que ne cesse de rappeler Abderrazak Makri, leader de cette formation politique. Les choses s'accélèrent apparemment, pour ce parti classé à l'issue des élections législatives du 4 mai troisième force politique du pays après le FLN et le RND. Invité officiellement pour prendre part au prochain gouvernement, le président du MSP a rencontré dans la matinée le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. L'annonce a été faite par Makri sur sa page Facebook, précisant que la rencontre a eu lieu à la demande du Premier ministre et a porté essentiellement, sur la constitution du futur gouvernement. Une entrevue rendue possible, explique-t-il, grâce a des intermédiaires qui l'ont sollicité, il y a deux jours. Par respect à ses personnes, Makri a refusé de révéler leur identité. «J'ai rencontré, hier matin, Abdelmalek Sellal qui m'a invité, il y a deux jours, par le biais d'une tierce personne. Le Premier ministre m'a confirmé l'offre faite au MSP d'intégrer le gouvernement et m'a assuré qu'il s'agit là d'une demande exprimée par le président de la République», note Makri. Selon lui, c'est le président Bouteflika en personne qui a confié à Sellal la mission de prendre attache avec le MSP. Le patron du MSP dit avoir répondu au Premier ministre que la participation ou non à l'Exécutif est du ressort exclusif du conseil consultatif du MSP, qui se réunira juste après la proclamation des résultats définitifs et la fin du traitement des recours relatifs aux législatives introduits auprès du Conseil constitutionnel. Face à cette nouvelle donne, Makri sera-t-il contraint de réviser sa position ? Si durant la campagne, Makri avait laissé entendre qu'il pourrait participer au gouvernement, il a affiché son opposition à cette option après l'annonce des résultats des législatives, accusant le pouvoir de l'avoir spolié de ses voix et d'avoir opéré une fraude massive. Mais au sein du MPS, il n'y a pas que le clan Makri. Il existe, selon ce dernier, trois tendances : la première est composée des opportunistes qui souhaitent s'allier avec le pouvoir pour leurs propres intérêts, allusion faite à Bouguerra Soltani, alors que la deuxième aile «est radicale». Cette dernière refuse tout dialogue avec le pouvoir et «souhaite quitter le Parlement». Il reste que la décision sera tranchée par la troisième aile — la plus «sage» — du parti qui est le conseil consultatif. Ce dernier va se réunir prochainement pour trancher et répondre à l'offre du Président. Mais que pense le nouvel allié du MSP, en l'occurrence le Front du changement (FC), dirigé par Abdelmadjid Menasra. Celui-ci estime que l'offre du Président est une reconnaissance de la force de l'alliance MSP, de son importance et de sa compétence et cela prouve, dit-il, que le gouvernement a besoin du MSP et de ses cadres. Menasra s'est abstenu de nous livrer sa position sur la participation ou non au gouvernement visiblement pour ne pas «influer» sur le madjlis echoura. «Le MSP a sa position et nous la nôtre, mais nous allons tenir une réunion de concertation pour trancher la question», note le président du FC, précisant que les deux entités vont organiser un congrès pour l'unification des rangs.