«Il faut que le consommateur prenne conscience du danger qui guette sa santé lorsqu'il s'approvisionne dans les étals non autorisés», alertait la présidente d'une association de défense des consommateurs au début de Ramadhan. «Non seulement des produits de consommation proposés à la vente n'obéissent à aucun contrôle, la chaleur y rajoute un danger supplémentaire en pareille période puisque les conditions de préservations sont quasi absentes», arguera-t-elle. Mois de la rahma, Ramadhan ouvre la voie à toute la gastronomie et inspire à de nouveaux essais tantôt digestes tantôt indigestes. Le jeûneur, souvent alléché, n'y résiste pas. En plus des traditionnels circuits de reconversions annuelles des locaux commerciaux, après des demandes formulées prés la direction du commerce, soit une étape obligatoire sous peine de sanction, des personnes étrangères au sucré encore moins au salé se proposent comme nouveaux chefs pour écouler leurs produits. Rues et ruelles respirent toute émanation. Constantine vit sa transformation culinaire propre au mois. Cela paraît atypique quoiqu'on ne puisse pas échapper au rite ramadanesque. L'essence même du Ramadhan. Ces dernières années l'anarchie s'est invitée lestement pour fausser le décor classique. Tout, enfin presque, est permis pour gagner un peu d'argent en ces temps difficiles. D'autant que la demande demeure manifeste. Pain, galettes, zlabia, jus, charbet, briqs, pizzas, viandes, galettes… inondent les étals. A même le sol. Les spécialistes œuvrant à longueur d'année sont quelque peu lésés par l'apparition incongrue d'autres échoppes éphémères. C'est le cas des vendeurs de pâtisserie traditionnelle. Le malaise touche les boucheries. De la viande à la traçabilité ignorée est cédée à quelques dinars en moins dans les marchés populaires et des places excentrées. Les vétérinaires affiliés à la direction de l'agriculture recommandent aux citoyens de vérifier ce qu'ils achètent (viande) sous peine d'affecter leur santé pour quelques dinars. Les comptoirs regorgent de viande non estampillée, dont l'origine n'est pas connue en plus d'un manque d'hygiène criard. Les campagnes de sensibilisation et les préventions alternées avant le début du mois ne semblent pas dissuader les consommateurs. Le rush reste constant devant les espaces de vente. La dégradation du pouvoir d'achat pousse quelques personnes vers des souks populaires et des étals improvisés loin des du circuit de contrôle au risque de leur santé. L'inspection routinière effectuée par les brigades de la direction du commerce étale plus d'une tonne de produits non conformes pendant les dix premiers jours de Ramadhan. Les tests ont été réalisés dans des espaces de vente autorisés. Que dire des aires échappant aux vérifications ? Il reste une alternative selon quelques gestionnaires du secteur et des voix d'associations versant dans le domaine à savoir la multiplication des actions de sensibilisations et l'implication directe du citoyen pour fragiliser la sphère informelle qui met en péril la santé des consommateurs. La nuit détient un autre panorama culinaire : des grills improvisés jonchent quais et espaces publics loin de toute inquiétude de l'ordre. La fumée submerge quelques quartiers. Une habitude ancrée dans la cité millénaire par des jeunes en quête d'argent de poche. Des noctambules n'hésitent pas à déguster des brochettes sans en connaître l'origine… L'odeur de la braise ouvre l'appétit pour certains à quelques heures d'El imssak. Ramadhan détient sa spécificité religieuse et gastronomique. A Constantine d'autres ingrédients s'incrustent préavis. N. H.