Débordant d'activités, Abdelaziz Bouteflika n'est assurément pas rentré les mains vides de son périple en terre de Chine. Au-delà de sa présence lors du sommet sur la coopération sino-africaine, qu'il aura fortement marqué par ses prises de parole en plénières ou lors des tables rondes à huis clos avec ses pairs du continent africain, c'est surtout cette visite officielle de plusieurs jours entamée dès hier, à la demande pressante de ses hôtes chinois, qui aura été la plus fructueuse avec en point d'orgue la signature d'un accord stratégique entre l'Algérie et la Chine. Accueilli dans le mythique palais du Peuple par son homologue Hu Jintao et l'ensemble des décideurs chinois au cours d'une cérémonie de très haut niveau réservée aux invités de marque –parade militaire des trois armées-, Bouteflika a rapidement donné le ton aux discussions entre les délégations officielles des deux pays, d'abord en mettant en exergue les relations politiques privilégiées entretenues entre l'Algérie et la Chine depuis les années de post-indépendance et, ensuite, en invitant les différents partenaires économiques à considérer l'Algérie comme un véritable partenaire dont les assises financières au solde positif lui permettent maintenant de s'ériger en vis-à-vis crédible et exigeant. C'est ce message que n'a cessé de transmettre le président algérien au cours de toutes ses rencontres, particulièrement avec les opérateurs économiques déjà en affaires dans notre pays qu'il a exhortés à s'investir plus dans la problématique de la formation, du transfert des technologies nouvelles et de prestations de hautes valeurs professionnelles, particulièrement pour le respect du cahier des charges et des délais de livraison pour tout type de contrats. L'exemple le plus concret a été cette longue rencontre, lors d'une visite du chantier du site des jeux Olympiques de 2008 confié à l'une des plus grandes entreprises chinoises opérant dans tous les secteurs économiques, CETIC, qui a décroché un contrat de 6 milliards de dollars pour la construction de l'autoroute Est-Ouest, avec les responsables de cette entreprise qui considéraient le stade olympique comme un joyau à venir, faisant partie des dix merveilles du monde. A ces derniers, Bouteflika a assené alors dans le sillage que «le MEGA projet confié à CETIC est, en plus d'être le moins-disant, très coûteux» et qu'il «constituait un défi pour le gouvernement algérien» puisque «c'est le premier du genre signé avec un pays» et que de ce fait CETIC ne peut se considérer comme une simple entreprise économique mais «comme une entreprise politique». Et Bouteflika, sans prendre de gants, d'enchaîner avec vigueur que «l'honneur et la réputation de la Chine étaient engagés dans ce projet». Le président algérien ayant en mémoire les lenteurs et les déboires des entreprises chinoises qui ont en charge une partie des sites pour la construction des logements ADL. Dans ce même esprit, le président de la République, au cours de sa visite au cyberparc Zhong Guancun, réplique parfaite de Silicon Valley aux Etats-Unis, a pressé les différents responsables ayant pied en Algérie, à l'image de HUWAI, un des leaders de la téléphonie dans le monde, en contrat avec Mobilis, de délocaliser vers l'Algérie afin de faire «de notre pays une véritable tête de pont dans la maîtrise des technologies et un pôle de rayonnement en direction des pays africains, arabes et riverains en Méditerranée». A l'instar de tous ses contacts, Bouteflika a multiplié les messages pour demander, lui «l'ami de la quatrième génération des dirigeants chinois», d'aider l'Algérie à opérer «une révolution de type nouveau», faisant référence au modèle de développement économique chinois. Que cela soit devant le parterre du forum des hommes d'affaires algéro-chinois ou avec le Premier ministre Wen Jiabo ou le président de l'Assemblée populaire Wu Bangevo, Bouteflika a déployé avec diplomatie et tact, mais aussi avec moult arguments, dont celui de poids : la solidité financière de l'Algérie, l'empressement de ses attentes pour aboutir à une coopération de haut niveau et à des investissements à long terme de la partie chinoise. A l'intéressement des opérateurs économiques chinois attirés par la manne financière, le président algérien a exigé un retour de monnaie rigoureux ayant pour trait l'intégration des technologies nouvelles comme mode opératoire avec pour finalité leur maîtrise par le monde socio-économique algérien. Conscients du risque de surchauffe en raison de leur boom économique, les dirigeants chinois avec à leur tête le président Hu Jintao ont fort bien compris la détermination de Bouteflika quant à sa volonté d'ouvrir en force le marché algérien aux opérateurs économiques chinois, mais aussi ses exigences d'être considéré comme un partenaire stratégique privilégié. Les huit protocoles de coopération signés dans le cadre de l'accord stratégique entre l'Algérie et la Chine constituent un balisage idéal pour la mise en œuvre de la démarche prônée par Bouteflika tout au long de cette visite officielle en Chine. La projection du modèle économique de cette nation dans notre pays est de nature à booster l'ensemble des programmes et projets en Algérie. B.-C. H. In La Tribune du 7.11.2006