L'Algérie remonte dans le classement du rapport annuel sur le trafic de personnes, établi par le département d'Etat américain. Elle est passée à la catégorie 2 après qu'elle ait été classée à la catégorie 3, l'année dernière. Une position qu'elle avait fortement contestée sans toutefois obtenir gain de cause. Elle marque des points cette année à la faveur de grands efforts déployés conjointement par différents organismes et institutions, principalement les services du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, ainsi que la Direction générale de la sûreté nationale (Dgsn). Ce sont ces efforts réels et sincères fournis dans ce domaine qui ont valu à l'Algérie son nouveau classement et pas forcément la diminution des cas de traite, d'exploitation sexuelle des enfants, de travail forcé…et autres cas décriés en la matière. Autrement dit, c'est l'effort qui a payé. Dans son rapport 2017, le département d'Etat américain note que le gouvernement algérien «a enregistré des réalisations clés durant la période considérée. En conséquence (le classement de l'Algérie) s'est amélioré en passant à la liste de surveillance Tier 2». Et de préciser que «les réalisations comprennent, entre autres, la poursuite de 16 présumés trafiquants et l'identification de 65 victimes de travail forcé». La même source reconnaît, enfin, que l'Algérie «a consenti des efforts considérables pour se conformer aux normes minimales en matière d'élimination de la traite d'êtres humains». Dans ce rapport de l'année 2017, le département d'Etat américain note que «les crimes d'exploitation sexuelle des enfants et de travail forcé sont des cas isolés en Algérie, en dépit du fait que le pays demeure un pays de transit et de destination pour l'immigration clandestine». Il reconnait que «le gouvernement algérien a fourni aux victimes identifiées un hébergement temporaire dans un centre de transit, une assistance médicale, ainsi que d'autres services de base malgré leur statut d'immigrés illégaux». Par conséquent, constate-t-il, dans ce nouveau rapport, le gouvernement algérien «a démontré sa volonté politique de faire face à cette problématique en promulguant en septembre dernier un décret présidentiel qui a institutionnalisé le Comité Interministériel chargé de coordonner les activités liées à la prévention et à la lutte contre la traite des personnes, en le dotant d'un budget et d'un mandat à cet effet». Aussi, les autorités algériennes ont-elles «déployé des efforts importants pour poursuivre les trafiquants». Le même document cite «les efforts déployés par la Dgsn qui a mobilisé 6 brigades de police pour lutter contre le trafic de personnes, en plus de 50 autres brigades spécialisées dans la lutte contre les crimes commis contre les enfants». De son côté, souligne le même rapport, «le ministère de l'Intérieur va lancer des formations au profit de ses fonctionnaires, axées sur la lutte et la prévention contre le trafic de personnes». D'où la nécessité pour l'Algérie de «se doter d'un système efficace de collecte de données sur l'application du dispositif contre la traite d'êtres humains». Ce rapport est fort élogieux pour l'Algérie qui, en 2016, était dans une position pas du tout confortable malgré les réserves exprimées et ses demandes de revoir sérieusement le classement. Dans sa contestation du rapport de 2016, le ministre des Affaires étrangères algérien a soutenu que «l'appréciation du département d'Etat américain était loin de résulter d'une évaluation rigoureuse de la situation». Selon la diplomatie algérienne, le rapport en question n'avait pas «pris en considération les efforts significatifs consentis par l'Algérie dans la prévention de la traite de personnes et ne rendait pas certainement justice à la posture claire et active de l'Etat algérien sur cette problématique». Voilà qu'une année après, et fort heureusement, le tir est rectifié et les efforts de la partie algérienne sont reconnus et considérés. Notre pays ne pourrait que s'en réjouir, tout en s'engageant à travailler davantage de manière à faire face rigoureusement à ce phénomène qui menace de nombreux pays et non pas seulement l'Algérie, surtout en cette période de flux massifs de migrants de partout des pays de la région Afrique, voire au-delà. Comme l'a dit, hier, la présidente du Croissant-Rouge algérien (CRA), Mme Saïda Benhabylès, les ONG doivent se mobiliser plus que jamais pour faire pression contre les grandes puissances à l'origine de ce drame humain. K. M.