Quels recueils distractifs pour la saison estivale et quel lectorat est rompu à cet exercice en cette ère marquée par la profusion des multimédias ? Le temps n'est plus antique pour certains. Dans les années 1970, les mordus des bandes dessinées et autres folios s'adonnaient à des locations chez les bouquinistes de la ville. Un choix par défaut, voire un réflexe incitant à lire. Les pages sont croquées au fur et à mesure que l'on quittait les étals. On pourra bien avancer sans ambages : ce fût un temps. Une belle tranche en particulier pendant l'été. Les hits parades qui ondulaient dans des transistors laissaient les auditeurs accros au classement des tubes d'été. Un tableau qui n'a pas survécu et pourtant il se perpétue, se régénère dans d'autres contrées sous un format distinct pour maintenir cette floraison livresque et musicale aussi fraiche qu'attractive. Il est vrai que la BD tente depuis quelques années de revenir en force dans le paysage algérien avec de multiples publications disparates traitant de tous les thèmes. D'autant que le festival international qui lui est consacré annuellement (le Fibda) la replace dans le circuit. L'audimètre, outil qui mesure intérêt et lyrisme, illustre une note moyenne. Malgré tous les efforts consentis par les pouvoirs publics enchainant des essais dans la promotion de la lecture à travers des bibliothèques mobiles. «La lecture d'été est généralement légère. Elle permet évasion et rêve. Une coupure sommaire de la réalité pour recharger ses batteries et, du coup, régénérer son capital conceptuel», dira un jeune lecteur. Pour d'autres la lecture d'été demeure distractive, mais aussi d'une importance vitale dans la mesure où les vacances permettent plusieurs explorations, souvent irréalisables durant l'année avec la surcharge du calendrier pour les étudiants ou les travailleurs. Le dilemme s'annonce complexe. Il reste tributaire de la nature et de la qualité des œuvres éditées en pareille période au niveau national par des éditeurs algériens, ou importées par les circuits traditionnels. Et dans ce cas, un autre paramètre entre en jeu : le coût du roman. Cela dissuade généralement les férus malgré le nombre de bestsellers. Certes la promotion de la lecture et de la culture prend naissance dans le terroir avec des ouvrages de qualité. Le recours à des essais, romans, nouvelles,… universels s'impose pour bons nombres de personnes voulant enrichir sans limites leurs connaissances et assouvir leur envie de lire. Quitte à débourser plus. L'été est aussi synonyme de distraction mélodieuse sous les riffs et les harmonies au goût de l'azur. Les nouveautés n'emballent plus. Des soirées stéréotypes faisant relayer les interprètes classiques, et des tubes similaires sans recherche laissent les adeptes loin des casques. Encore que les TIC frappent fort sur ce ton. On télécharge ce qu'on veut en un clic. Rien ne nous impose de subir des dissonances. Difficile exercice pour les concepteurs de tube d'été. N'empêche que rien n'arrête l'innovation et le vouloir faire pour garnir la saison estivale en livre et en musique et amorcer une néo socialisation de la culture en tout coin de la cité. La rentrée littéraire passe presque inaperçue dans le microcosme livresque régional ou central. Il parait délicat, mais pas impossible, de relancer la socialisation et la promotion à partir de la saison estivale. Une période qui s'émoussera aux premiers orages d'été. Or, les belles lettres et les notes agréables survivent avec une touche de panache. N. H.