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Faute aux investisseurs étrangers ou échec d'une politique ?
Malaise économique en Algérie
Publié dans Liberté le 07 - 02 - 2010

L'Algérie est un pays étonnant : l'Etat est riche, mais la population si attachante est pauvre. Rappelons que Le kilo de bœuf coûte 10 euros quand le SNMG est à 120 euros. Le chômage touche 30% de la population (13%, selon les chiffres officiels).
Le peuple algérien a en réalité le sentiment que rien ne change, malgré les recettes pétrolières, et rêve de visa, notamment les plus jeunes qui représentent 70% des moins de 30 ans.
Un potentiel économique
Force est de constater que ce régime n'a jamais su développer ce pays à l'immense potentiel économique. Pourtant, ses ressources en hydrocarbures et ses riches terres agricoles auraient pu faire de ce pays une grande puissance en Méditerranée. En effet, l'économie algérienne tire de l'exportation des hydrocarbures 98% de ses exportations, donc de ses revenus, et 75% des recettes fiscales. On constate une incapacité structurelle à diversifier son économie pour moins dépendre du pétrole (exportations d'hydrocarbures = 96,64% de la valeur globale des produits exportés ; les exportations hors hydrocarbure représentent 2,36% des exportations).
L'Algérie a accumulé, ces dernières années, plus de 120 milliards de dollars de réserves de changes, grâce à son pétrole.
Un pays importateur
Mais les importations ont quadruplé depuis 2000 pour approcher 40 milliards de dollars en 2009. On a assisté à une folle croissance des importations : + 28% en 2007, + 42% en 2008. Ainsi, par exemple, la facture des céréales, du lait et des médicaments, selon les chiffres officiels, a augmenté de 75% en un an, passant de 3,39 milliards d'euros en 2007 à 5,91 milliards d'euros en 2008. Idem pour les produits agroalimentaires, dont la facture s'est élevée à 6 milliards d'euros en 2008, contre 1,89 milliard d'euros en 2003. La facture alimentaire a flambé de 7 milliards de dollars en 2008.
Selon les chiffres sur le commerce extérieur du Centre des statistiques des douanes algériennes (Cnis), l'excédent commercial de l'Algérie a atteint 1 milliard de dollars en janvier 2009, soit un plongeon de 72,03% par rapport à janvier 2008.
L'Algérie est victime du “syndrome hollandais” (ressources liées à l'exploitation du gaz naturel dans les années 1960 en Hollande). En effet, la richesse liée à l'exploitation d'une ressource naturelle entraîne le déclin des autres productions locales et donc une flambée des importations.
Certains disent que le gouvernement a laissé filer les importations pour satisfaire le lobby des importateurs et offrir un exutoire à l'immense frustration de la population.
Les boucs émissaires
Dans ce contexte économique quasi catastrophique pour l'immense majorité de la population, les sociétés étrangères sont regardées avec suspicion et deviennent des boucs émissaires de cet échec de la politique économie gouvernementale, à l'image de la filiale algérienne d'Orascom, Djezzy (14 millions d'abonnés avant les matchs de qualification pour le Mondial entre l'Algérie et l'Egypte).
En constatant qu'en 2007, par exemple, les sorties de dividendes ont été cinq fois plus importantes que les nouvelles entrées de capitaux, on ne reproche pas moins aux sociétés étrangères de piller le pays. Autrement dit, pour le gouvernement algérien, si le peuple algérien ne voit pas son niveau de vie progresser, c'est la faute aux entreprises étrangères et non à la non-redistribution de la rente pétrolière.
Le bouc émissaire parfait
La société Orascom (téléphonie mobile) est l'exemple du parfait bouc émissaire. Elle a acheté, il y a quelques années, la première licence téléphonique algérienne pour moins de 800 millions de dollars.
Le gouvernement algérien essaie de mettre en difficulté ce groupe en empêchant la filiale algérienne de transférer les dividendes à la société mère et en lançant un contrôle fiscal.
En effet, la filiale algérienne a du mal à transférer à sa société mère les 580 millions de dollars de bénéfices réalisés en 2008, alors qu'elle avait obtenu, le 15 septembre dernier, l'autorisation de transférer 257 millions de dollars. Depuis son installation en Algérie en 2001, c'est la première fois que ce groupe rencontre un tel problème. De plus, la filiale algérienne a fait l'objet de contrôles fiscaux aboutissant à un redressement de 600 millions de dollars sur les exercices 2005, 2006 et 2007 (40 millions de dollars pour l'exercice 2004).
Les difficultés de ce groupe proviennent, en partie, de la vente par le groupe, au début de 2008, de ses deux cimenteries algériennes au cimentier français Lafarge ; opération critiquée par le président Bouteflika dans le discours à la nation prononcé à la fin de juillet 2008 et qui a permis au groupe de réaliser une plus-value de plus de 2 milliards de dollars. Dans ce conflit, le but du gouvernement algérien est de pousser le groupe égyptien à vendre ou à céder une partie de sa filiale algérienne à un groupe public algérien.
D'une manière générale, le gouvernement algérien accuse les entreprises étrangères de piller ses ressources en transférant la totalité de leurs bénéfices, et donc en ne les réinvestissant pas localement, et de ne pas transféré le savoir-faire.
Face aux “prédateurs” étrangers, dont le groupe Orascom n'est qu'un exemple, un nouveau patriotisme économique a été mis en place après quinze ans de libéralisation économique. C'est, en réalité, une véritable reprise en main de l'économie à laquelle on assiste, et ce protectionnisme est destiné à favoriser les entreprises nationales et à réduire les importations, que le gouvernement n'arrive pas à endiguer par sa politique économique.
Les mesures prises
Cinq textes visant à encadrer davantage les investissements étrangers s'appliquent aux entreprises étrangères présentes en Algérie ou désirant s'y implanter.
Désormais, les sociétés d'importation étrangères ne peuvent plus être détenues à 100% par des capitaux étrangers, mais doivent ouvrir leur actionnariat à 30% de capitaux algériens.
Pour les sociétés de production souhaitant s'installer dans le pays, les futurs investissements ne peuvent être réalisés qu'en partenariat avec des acteurs algériens devant détenir au moins 51% du capital.
Il y a également :
- l'obligation de réinvestir dans les quatre ans les bénéfices des avantages liés aux investissements ;
- l'imposition sur les plus-values de cession ;
- la taxation des transferts des succursales des sociétés étrangères ;
- un droit de regard et de préemption sur les cessions d'actifs opérés par des groupes locaux et étrangers. Le gouvernement a créé, au début de 2009, un fonds d'investissement doté de 1,5 milliard d'euros pour s'emparer de filiales locales de groupes étrangers si ces derniers décident de quitter le pays.
Tout projet doit générer plus d'entrées que de sorties de devises.
Dernière mesure en date, le durcissement des conditions d'attribution des marchés publics aux entreprises étrangères depuis le 1er janvier dernier (limitation au maximum du recours aux entreprises étrangères pour les projets publics et obligation de justifier l'attribution des marchés à des étrangers). Les entreprises algériennes peuvent ainsi obtenir des contrats avec des offres supérieures de 25% à celles de leurs concurrentes étrangères, contre 15% jusqu'ici.
S'il est tout à fait normal que les entreprises étrangères implantées dans un pays concourent et contribuent à sa richesse, il est moins normal qu'un gouvernement réduise l'accès à son marché intérieur à des entreprises étrangères essentiellement parce que sa politique économique n'arrive pas à endiguer les importations et, in fine, la pauvreté d'une grande partie de sa population.
Dans une économie globalisée et donc ouverte, les relations entre partenaires doivent reposer sur “le gagnant-gagnant” et non sur le rejet des acteurs économiques étrangers. L'autarcie n'a jamais démontré sa supériorité économique sur le libre-échange, bien au contraire.
Il est grand temps pour le peuple algérien que l'Algérie retrouve son rayonnement international d'antan par, notamment, des politiques volontaristes et sans trouver de faux boucs émissaires.
M. F.
(*) Professeur de fiscalité internationale et de géopolitique
Directeur scientifique Mastère Spécialisé “Ingénierie patrimoniale du dirigeant”
Euromed Management (France).


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