Cinq pays du Sahel tentent d'unir leurs forces pour lutter conjointement contre les groupes terroristes. Hier, à Bamako, les chefs d'Etat de la Mauritanie, du Niger, du Mali, du Burkina Faso et du Tchad, réunis au sein du «G5 Sahel», ont lancé officiellement une force conjointe de 5 000 hommes, la FC-G5S, en présence du président français, Emmanuel Macron. Cinq pays du Sahel tentent d'unir leurs forces pour lutter conjointement contre les groupes terroristes. Hier, à Bamako, les chefs d'Etat de la Mauritanie, du Niger, du Mali, du Burkina Faso et du Tchad, réunis au sein du «G5 Sahel», ont lancé officiellement une force conjointe de 5 000 hommes, la FC-G5S, en présence du président français, Emmanuel Macron. L'initiative encore embryonnaire, soutenue à bout de bras par la France, très engagée militairement dans cette région, a pour objectif de lutter ensemble contre les attaques terroristes qui visent le Mali et gagnent les Etats voisins, en pouvant poursuivre leurs auteurs au-delà des frontières. Cette force, déployée dans un premier temps aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, s'ajoutera à l'opération française Barkhane qui traque les terroristes dans le Sahel, et à la Mission de l'ONU au Mali (Minusma). «Le poste de commandement de cette force sera basé au centre du Mali, à Sévaré», comme l'a indiqué le général Didier Dacko, précédemment chef d'état-major de l'armée malienne, nommé en juin dernier à la tête de la force du G5. Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, président en exercice du G5 Sahel qui accueille ce Sommet a souligné, en présence des autres chefs d'Etat, que «l'allégeance de nombreux mouvements terroistes du Sahel à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique projette notre région dans un champ de confrontation mondiale». Le président français, Emmanuel Macron, a, pour sa part, promis de l'aide, mais aussi demandé au G5 de faire preuve d'efficacité. «Ce sera à vous et à vos armées de convaincre que le G5 peut être efficace, dans le respect des conventions humanitaires. Les résultats doivent être au rendez-vous pour convaincre nos partenaires», a-t-il déclaré. Il a annoncé avoir «bon espoir que le 13 juillet (lors du Conseil franco-allemand à Paris) avec la Chancelière allemande, nous puissions annoncer des engagements communs autour de cette alliance». En fait, la FC-G5S a un problème de financement. La France a annoncé l'apport de 70 véhicules tactiques et un appui opérationnel. «Sur le volet militaire, c'est un effort équivalent à plus de 8 millions d'euros que nous consacrons d'ici la fin de l'année», a estimé le chef de l'Etat français. Il a aussi promis que l'Agence française de développement (AFD) débloquerait «200 millions sur 5 ans» spécifiquement pour le Sahel. L'Union européenne (UE) a promis 50 millions d'euros, mais une telle force requiert au moins 400 millions d'euros, selon des experts. Le budget prévu avoisinerait les 500 millions d'euros, a indiqué une source au sein de la délégation mauritanienne. Raison pour laquelle, la France espère le soutien d'autres pays de l'Union européenne, en faisant valoir que son engagement militaire au Sahel protège l'Europe toute entière. Elle compte notamment sur l'Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique, et espère aussi un «soutien concret» des Etats-Unis, présents militairement avec notamment des drones au Niger. Une conférence des donateurs devra se tenir dans les prochains mois. Pour rappel, le G5 Sahel, créé en novembre 2015, ne parvenait pas à dépasser le cadre d'une structure consultative et c'est le 6 février dernier que l'idée d'une force régionale a été relancée lors d'un Sommet à Bamako. Elle doit démarrer avec environ 5 000 hommes fournis par les cinq pays, qui ambitionnent de doubler cet effectif à terme, comme l'ont réaffirmé leurs présidents. Le 21 juin dernier, le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies a adopté une résolution qui «salue» le déploiement de cette force, mais sans lui délivrer ni mandat ni fonds. Le Tchad a déjà brandi la menace d'un retrait du projet faute de financements. Mais la France est à la manœuvre pour tenter de donner corps à cette force qui viendrait épauler les casques bleus de la Minusma et la coûteuse opération Barkhane (800 millions d'euros par an). Une opération qui donne des signes d'ensablement au Mali. Un retrait prématuré serait un signe d'échec c'est pourquoi la France a porté la résolution 2 359 votée le 21 juin à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU. Cependant, le résultat est inférieur aux espérances, notamment sur la question du financement et d'un mandat onusien pour la FC-G5S, deux points refusés par Washington. La France a réussi à obtenir un texte qui légitime au minima les futures opérations militaires des pays sahéliens. Mais la FC-G5S n'a toujours pas les moyens de ses ambitions. Les pays du G5 Sahel sont parmi les plus pauvres du monde. H. Y./Agences