Deux années sont passées depuis la signature de l'Accord de paix au Mali, mais les violences sont toujours là. Pis encore, les groupes terroristes ont profité de la situation pour étendre leurs tentacules dans tout le Sahel. Le G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad) tiendra un nouveau sommet demain à Bamako, auquel assistera le président français Emmanuel Macron, dont le pays soutient ardemment le projet de création d'une force conjointe dans la région. Ce sommet aura lieu dans un contexte marqué par une recrudescence des violences terroristes dans la région, où la nouvelle alliance de groupes terroristes islamistes Ansaru al-Islam (les défenseurs de l'Islam, ndlr), dirigée par l'ex-rebelle targui Iyad Ag Ghali, a multiplié ses attaques contre les forces armées locales, les forces de maintien de la paix de l'ONU au Mali (Minusma) et les troupes françaises de l'opération Barkhane. Les dirigeants de cinq Etats membres aborderont la question de la formation d'une force régionale conjointe, à laquelle le Conseil de sécurité de l'ONU a donné son quitus, sans toutefois lui accorder la possibilité de solliciter son appui financier et logistique, en raison d'une farouche opposition des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. La présence du président français participe, par ailleurs, de la volonté de la France d'appuyer la lutte antiterroriste dans le Sahel, mais également de l'urgence de trouver une porte de sortie de l'armée française du bourbier sahélien dans lequel elle s'est retrouvée depuis 2013, date du lancement de la défunte opération Serval, dans le nord du Mali. L'armée française a enregistré d'importantes pertes humaines au Mali et le coût financier de sa présence dans le Sahel lui pèse énormément, en l'absence d'une solidarité véritable à Bruxelles que ses alliés au sein de l'Union européenne refusent de lui apporter. Ce pourquoi la mise en place d'une force régionale est devenu une nécessité absolue aux yeux de Paris. Mais le problème de son financement constitue un sérieux casse-tête. En dehors des 50 millions d'euros promis par l'UE, les pays du G5 Sahel ne savent pas vraiment comment mobiliser les 350 millions d'euros restants, nécessaires au fonctionnement de cette force. Les menaces de retrait du Tchad, aussi bien de la Minusma que de la future force qui devrait être formée d'au moins 5000 soldats, sont un autre écueil que le G5 Sahel doit dépasser. "On ne peut pas faire les deux à la fois, être dans le G5 Sahel et en même temps dans une autre mission sur le même théâtre", avait-il souligné dans une interview le 25 juin, en référence au contingent tchadien de la Minusma. Une rencontre entre MM. Macron et Déby est prévue en marge du sommet pour apaiser ces inquiétudes, selon la présidence française. "L'Union africaine doit prendre en charge la lutte contre le terrorisme", a déclaré de son côté, mercredi, le président de l'UA, le président guinéen Alpha Condé, en visite au Tchad. Mais l'Union africaine ne dispose pas non plus des ressources financières demandées pour répondre aux exigences de la lutte contre le terrorisme et participer à la résolution des autres crises politico-militaires qui secoue le continent, sans compter sur l'aide de l'ONU. Sauf que l'ONU a décidé de réduire son budget annuel alloué à ses missions de maintien de la paix, après la décision des Etats-Unis (un des plus grands contributeurs) de réduire sa participation de plus d'un milliard de dollars. Le défi donc reste entier pour tous les pays engagés dans la lutte contre le terrorisme transnational.