Assurément, le festival itinérant Racont'Arts est une idée lumineuse qui a fait son chemin en Kabylie, qui s'est bien installée dans le paysage culturel de la région. Au fil du temps et des éditions, le festival est devenu un rendez-vous incontournable pour les artistes qui s'y retrouvent. Et chacun y mettant du sien pour en rehausser le niveau, cela a attiré et attire encore plus un public amoureux et passionné de culture. Cette culture dont il a tant besoin et de laquelle il s'abreuve goulument pour «faire le plein» en attendant la prochaine édition. Assurément, le festival itinérant Racont'Arts est une idée lumineuse qui a fait son chemin en Kabylie, qui s'est bien installée dans le paysage culturel de la région. Au fil du temps et des éditions, le festival est devenu un rendez-vous incontournable pour les artistes qui s'y retrouvent. Et chacun y mettant du sien pour en rehausser le niveau, cela a attiré et attire encore plus un public amoureux et passionné de culture. Cette culture dont il a tant besoin et de laquelle il s'abreuve goulument pour «faire le plein» en attendant la prochaine édition. Cette manifestation culturelle a un caractère spécial du fait qu'elle passe d'un village à un autre dans cette Kabylie profonde, creuset de légendes et de contes, et non dans une grande ville, ou la capitale qui a monopolisé toutes les manifestations. Pour cette année, c'est à Ath Ouabane, dans ce village perdu d'hommes libres, que la culture se déplace pour aller à la rencontre de ses habitants qui vont accueillir, pendant une semaine, des artistes locaux et étrangers qui ne viennent pas seulement pour un pèlerinage et la découverte de cette vie modeste que mènent ces villageois, mais aussi pour partager avec eux leurs arts. Il faut dire que la Kabylie a toujours eu une longueur d'avance sur les autres régions en matière d'initiatives culturelles qui, il faut le signaler, ne sont pas le fait de l'administration mais plutôt d'associations et d'artistes qui se mobilisent pour réussir l'organisation de festivals, rencontres, tables rondes, expositions, foires artisanales et autres pour faire renaître une culture qui a failli disparaître. Cette richesse mise au goût du jour réveille ce besoin de culture qui sommeille en chacun pour l'entretenir et le satisfaire jusqu'à satiété. Tout le monde prend sa part de cette «zerda» culturelle qui donne lieu à des partages entre artistes et habitants, un échange dans les deux sens, chacun ayant sa vision propre, son approche et son interprétation, et là c'est l'esprit qui s'élève et transcende la condition humaine accrochée à cette réalité qui le tient prisonnier. Ces manifestations culturelles gagneraient à sortir de la Kabylie pour être organisées un peu partout à travers le pays car, apparemment et n'en déplaise à certains, dans les autres régions c'est plutôt le désert culturel qui a pris le dessus et qui continue à régner en maître. Il y a bien eu quelques initiatives de jeunes pour organiser des expositions, des concerts de musique ou encore des manifestations de Street art, mais celles-ci n'ont pas fait long feu faute de moyens ou d'adhésion au mouvement ou encore par manque d'expérience. A Annaba, les gardiens du temple, en l'occurrence les partis islamistes, voient en ces manifestations culturelles une occidentalisation de la société car selon ces formations tout ce qui n'entre pas dans leur moule fait d'interdits et de «haram» est taxé d'hérésie et leur emprise est grande, si bien que les artistes s'autocensurent ou alors abandonnent carrément leur entreprise pour se produire en solo et en privé. Une culture restrictive destinée à une certaine catégorie de la population, le reste, tout le reste, continue à patauger dans ce vide culturel très vite comblé par une sous-culture abrutissante. Dernièrement, sur la promenade entre les plages Fellah Rachid et Rizzi Amor, nous avons pu assister à des tours de magie avec des cartes exécutés par un jeune avec pour tout accessoire une table pliante. Cela a attiré une foule de gens qui ont passé plus d'une heure à suivre ce spectacle; les enfants émerveillés en redemandaient et obligeaient leurs parents à y assister. Cela aurait pu être le point de départ d'une carrière. Le lendemain au même endroit, tout a disparu et les familles qui étaient venues pour le voir ont du rebrousser chemin, déçus. Un autre, portraitiste de son état, installé sous un palmier quelques mètres plus loin, d'un trait de crayon que des doigts expérimentés conduisent, croquait en quelques minutes le portrait d'une personne qui le lui avait demandé. Des sifflements d'admiration, des applaudissements ont rythmé ces minutes qui ont apporté beaucoup de bonheurs aux spectateurs. En fait d'initiatives culturelles, Annaba n'a pas encore trouvé son chemin, il faut dire que les artistes eux-mêmes ne s'impliquent pas assez, chacun attendant que l'autre bouge. Et ça ne bouge pas. M. R.