La situation en Libye est plus complexe actuellement pour se permettre de rallonger les initiatives politiques pour tenter de remettre le pays sur le chemin vertueux de la paix. Lorsque la diplomatie algérienne à travers Abdelkader Messahel le réitère, au moment où d'autres pays tentent des initiatives qui donnent des airs de succès, mais dont les résultats sur le terrain ne se ressentent pas, ce n'est pas pour faire dans la figuration. La «multiplication des agendas» risque en effet de diluer tout processus politique conciliateur et unanime. Il est ainsi impératif de revenir à une unité d'action sous le parapluie des Nations unies. La désignation de Ghassan Salamé à la place de Martin Kobler pourrait bien accélérer les choses. L'ancien ministre libanais doit toutefois regarder le dossier libyen dans son ensemble, et mettre toute les initiatives internationales sous un canevas d'un plan global de sortie de crise. Les annonces faites récemment dans la capitale française sont certes porteuses d'espoir pour l'avenir de la Libye, mais pêchent par divers aspects. De nombreux acteurs manquaient. Cette rencontre a été vite montée avec la volonté française de s'afficher, une nouvelle présidence qui voudrait montrer qu'elle est capable de «succès diplomatique». Le dossier Libyen est bien plus laborieux que ne l'affirme les déclarations d'usage. Les observateurs de la scène libyenne ne se sont pas fait attendre pour le noter : Sarraj et Haftar ne sont pas représentatifs de la sociologie du pays et n'ont pas de mandat pour parler au nom de tout les Libyens. Sarraj est contesté jusqu'à Tripoli. Il est évident que l'accord annoncé entre les deux acteurs de premier plan de la Libye actuelle pourrait bien constituer une esquisse d'un début de règlement qui pourrait faire inciter d'autres acteurs libyens à participer à une plateforme globale. Mais pour l'heure c'est faire preuve de pragmatisme que de reconnaitre la complexité de la situation. Tout le monde sait en Libye qu'il est irréaliste de prétendre à des élections pour mars 2018 comme c'est annoncé pour le moment. Des élections requièrent une maîtrise à un niveau avancé du processus dans son aspect logistique et sécuritaire. Mais aussi politique, afin que les résultats soient incontestables, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. La Libye actuelle avec son vaste territoire, des zones échappant à tout contrôle central, est loin de constituer l'environnement adéquat pour ce type de processus électoral. En attendant, il serait judicieux de rappeler la nécessité de ressusciter la dynamique de paix initiée sous l'égide de l'ONU dans ce pays. Une dynamique fondée sur la solution politique, le dialogue inclusif et la réconciliation nationale dans le cadre du respect de la souveraineté de la Libye. Loin de toute ingérence dans ses affaires intérieures. M. B.