Le blocage voulu par l'opposition au pouvoir bolivarien reste tenace. La réussite de l'organisation de l'élection d'une Assemblée constituante, dans des conditions extrêmes, semble ne pas avoir eu l'effet escompté. Le pays semble engagé dans un bras de fer, aux effets internationaux attendus, dont la finalité est difficilement imaginable. Il est à craindre que le scrutin, organisé dimanche passé par le président Nicolas Maduro et qui pourrait être une solution de sortie de crise, ne prolonge une tension qui est devenue intenable. L'opposition et ses relais étrangers multiplient les critiques voire les positions de défiance envers cette Assemblée élue. Depuis des années le Venezuela est la cible de toutes les attaques, intérieures et extérieures. Même le président Hugo Chavez, au sommet de sa popularité, avait été la cible de toute les critiques et même d'une tentative de coup d'Etat. Chavez avait redonné au peuple tout son pouvoir et la maîtrise de ses richesses naturelles, à commencer par le pétrole. Avec des résultats tangibles sur le terrain : les Vénézuéliens vivent mieux, leur pouvoir d'achat s'est amélioré, la démocratie est une réalité. Toute cette évolution n'aura pas été du goût de l'oligarchie locale et sa représentation politique, soutenue notamment par les Etats-Unis, qui ont même tenté un coup d'Etat, contré dans la rue par la population qui a mis en échec la tentative. Il est évident que le parti socialiste au pouvoir a fait des erreurs de gouvernance qui s'avèrent difficiles à colmater aujourd'hui. La difficulté à diversifier une économie dépendante du pétrole et un recul des idées «chavistes» ouvrent la voie aujourd'hui à une opposition qui semble décidée à faire vaciller le gouvernement actuel. Le risque est d'autant plus palpable que Maduro n'a pas le charisme d'un Chavez qui se serait sorti allégrement de ce guêpier. Aujourd'hui, les difficultés économiques s'accentuent et le pouvoir perd de son soutien populaire. L'opposition, forte de sa victoire lors des dernières législatives, ne cache plus ses ambitions. En finir avec une politique qualifiée de «socialiste», c'est-à-dire qui néglige les intérêts de la grande bourgeoisie. Elle est aidée par les égarements du pouvoir mais aussi, et surtout, par le soutien américain. La situation au Venezuela reste critique. La révolution chaviste est plus que jamais menacée. L'opposition, qui surf sur la mal-vie des populations les plus fragiles et les errements de gouvernance du pouvoir, n'en démord pas. Les revanchards de la période faste de Chavez sentent que le moment est venu pour faire basculer la situation. Le peuple vénézuélien qui, un certain avril 2002, a empêché le putsch ayant visé Chavez laissera-t-il faire ? M. B.