Probable rapprochement de vues entre l'algérienne Sonatrach et l'espagnole Gas Narural, en conflit depuis plus de trois ans sur la question de la renégociation des prix du gaz que l'Algérie livre aux Espagnols via le Gazoduc Maghreb Europe (GME). Le différend a été rediscuté, à la faveur d'une visite de travail de deux jours à Madrid, entre le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, et son homologue chargé de l'industrie, du commerce, du tourisme et des questions énergétiques, Miguel Sebastian. Seule certitude, les deux ministres se sont montrés disposés à travailler dans l'intérêt d'«un accord devant aller dans le sens du renforcement des relations énergétiques entre l'Algérie et l'Espagne, à long terme, dans un intérêt mutuellement bénéfique». Chakib Khelil, cité dans une dépêche de l'APS, a souligné que l'on est «très près» d'un accord sur l'ajustement des prix en plusieurs phases sur la base des accords convenus avec le représentant de l'Etat espagnol, Bernardino Leon, qui avait effectué plusieurs visites à Alger à cet effet. Il a ajouté que, sur la base de ce dernier accord, on peut demander à Sonatrach et Gas Natural de dégager, peut-être, rapidement un accord sur les prix. Il a fourni quelques détails sur ce conflit, évoquant ainsi le problème de la flexibilité du contrat de vente et d'achat de gaz entre Sonatrach et Gas Natural. C'est un contrat à deux aspects : l'un est lié à la compensation qu'exige la compagnie algérienne pour les volumes gaziers commercialisés en dehors du contractuel. L'autre au problème d'interprétation contractuelle de ce principe de flexibilité. Sur ce dernier point, il est attendu que les deux entreprises parviennent à un accord, mais cela ne signifie pas un non recours à l'arbitrage international, dont les Espagnols n'en veulent pas. Et c'est pourquoi, il y a blocage. Chakib Khelil a rappelé que l'arbitrage «est en cours et devra rendre son verdict cet été», précisant qu'il concerne tous les aspects y compris la question des prix. Si l'on veut trouver un accord à l'amiable sur l'aspect des prix ou celui de la compensation, on ne laissera à l'arbitrage que la question de l'interprétation de la clause de flexibilité et de celle dite de bouleversement, a-t-il dit. La renégociation des prix allait être tranchée, il y a quelques mois, avant que les Espagnols ne changent d'attitude. Face à un tel blocage, l'Algérie a décidé de porter l'affaire devant une instance arbitrale. Outre ce conflit, le ministre de l'Energie et des Mines a abordé avec les autorités espagnoles la sécurité d'approvisionnement du marché espagnol à travers Medgaz. Le ministre se veut rassurant en soulignant que Sonatrach a toujours assuré la sécurité d'approvisionnement de tous les marchés même durant les périodes les plus difficiles. Et d'ajouter que l'Etat espagnol «n'a pas à avoir de craintes là-dessus». Il a expliqué à ce propos que tous les contrats d'approvisionnement ont été en majorité signés avec des compagnies espagnoles sur le long terme, et qu'une fois que le gaz quitte Beni Saf, il devient espagnol. Les difficultés que rencontre Sonatrach sur le marché ibérique, où elle détient des participations très minoritaires dans plusieurs sociétés, étaient également au centre des discussions bilatérales. Ces difficultés concerne la bureaucratie et les taxations, contrairement à toutes les sociétés espagnoles qui détiennent en Algérie des parts majoritaires, dans le dessalement de l'eau de mer ou dans la centrale hybride solaire-gaz, ou encore Repsol qui détient la majorité dans ses contrats par rapport à Sonatrach. Y. S.