«Aami ! C'est à quelle heure qu'elle joue l'Algérie ?» La question posée par un jeune qui, sous un soleil de plomb, s'ennuyait à mourir est édifiante, d'abord, parce que déjà la couleur est annoncée : le football c'est… l'Algérie. La réponse l'est tout autant : «Oulidi, ândi qarn matouertech djwaïeh télévision tâana. Et ce n'est pas la compétition nationale et encore moins l'équipe qui est censée en être la quintessence qui me feront changer d'avis.» Mais comme le ridicule ne tue pas, la communion s'est même voulue totale avec l'incapacité de l'Entreprise nationale de la télévision algérienne de «donner» des images aux milliers de gogos… pardon de fans des Ziani, Hadj Aïssa, Gaouaoui. Il ne serait même pas question d'imputer ce crime de lèse-majesté à pas de chance mais à la Gambie, petit et insignifiant pays qui n'a même pas les moyens techniques voulus. D'où l'émergence quasi magique d'un prestataire privé qui, financièrement parlant, aurait exigé un impossible auquel nul n'est tenu. La défaite de «notre» équipe nationale ne devrait donc pas laisser beaucoup de regrets à des milliers de spectateurs (sauf évidemment de casser du sucre sur le dos de tout le monde) lesquels, entre-temps, se sont régalés avec une royale rencontre entre les Espagnols et les Suédois suivie d'un moins clinquant Russie-Grèce quoique prenant. Mais l'essentiel dans tout cela était attendu et devait venir d'ailleurs. De ce que «nos» capés laissaient caresser d'espoir d'une possible, parce qu'il n'est surtout pas question de leur exiger une petite… toute petite…, pour une fois, performance. «Ils ne l'ont pas fait», devraient titrer tous les journaux le surlendemain et c'est toutefois eux qui ne le feront pas (titrer) pour la simple raison que, dans ce tragicomique scénario, l'équipe nationale de football n'était pas accompagnée de représentants des médias. Le coach national considère comme «naturel de n'avoir pas réussi un résultat en Gambie en raison des conditions qui y ont prévalu : hostilité ambiante, mauvais accueil, intimidations» et à l'en croire ce n'est pas face à une équipe composée de footballeurs que la sienne s'est trouvée mais presque à un résidu de coupeurs de têtes. Et question de têtes, combien en tomberait-il à la suite de cet autre signe indicateur d'une bérézina claironnée ? Très certainement aucune parce qu'avec des propos dont ils sont les seuls à détenir le secret, les responsables du secteur, toutes attributions confondues, vont appeler à la retenue, à dépassionner les débats et plus particulièrement à savoir raison garder… le dernier brainstorming sur la situation du secteur est là pour trouver les solutions et donner des gages de redémarrage au football. Preuve en est fournie avec la commission qui désigne une commission qui, incessamment, devrait désigner une autre commission… et réorganiser la compétition nationale soit avec deux grands groupes régionaux, une poule à vingt clubs, un championnat à blanc, un repos sabbatique de trois ans. En fait, des potions à la ramasse pour un sport qui l'est tout autant. A. L.