Après sa nationalisation en octobre dernier à hauteur de 100% par l'Etat belge en raison de la crise financière, la banque belgo-néerlandaise Fortis est désormais entre les mains du groupe français BNP Paribas à hauteur de 75%. BNP et le gouvernement belge ont conclu, hier, un accord portant sur l'achat de cette banque malgré la réticence des actionnaires. Lesquels ont, pour rappel, par un vote serré en février dernier, obligé la BNP et le gouvernement belge à choisir entre la renégociation de l'accord et le renoncement à la transaction. Mais, finalement, BNP a réussi à décrocher l'accord de rachat à 75% de Fortis Banque à l'Etat belge. C'est en fait la troisième tentative visant à mettre en oeuvre cet accord né des difficultés financières de Fortis. Cet accord crée, faut-il le noter, la première banque de dépôt de la zone euro et doit clore la saga du «Fortisgate» qui agite la vie politique belge depuis environ six mois. «C'est un pas très important : après l'acquisition de BNL en Italie en 2006, BNP Paribas aura désormais, il ne faut pas non plus oublier le Luxembourg, une présence sur quatre marchés en Europe», a noté à ce sujet le directeur général de BNP Paribas. Dans le cadre de cet accord, BNP a donné des assurances écrites sur les emplois et le maintien «d'un ou plusieurs centres de compétence européens ou mondiaux» en Belgique, a indiqué un communiqué du gouvernement belge. Chose qu'ont réclamé les syndicats. Lesquels craignaient que «les décisions soient prises à Paris et que le réseau belge ne soit plus qu'un réseau d'agences». «Un certain nombre d'ajustements seront nécessaires», a reconnu, toutefois, l'administrateur délégué de BNP, Baudouin Prot. Mais pour lui, il n'y a «pas de sureffectif significatif» dans le réseau d'agences de Fortis en Belgique s'il faut des réductions de personnel, les départs naturels seront privilégiés. Selon les informations rapportées par les agences, le groupe français va par ailleurs racheter 25% des activités d'assurances de la holding Fortis en Belgique, un compromis entre les 100% annoncés en octobre et les 10% prévus fin janvier dans un premier accord révisé pour déjà tenter, sans succès, d'amadouer les actionnaires. Le prix pour l'activité assurance est de 1,375 milliard d'euros, soit une base de valorisation inchangée, comparé aux accords précédents. A noter que BNP a obtenu des garanties supplémentaires si la situation de Fortis Banque se dégrade, un risque d'autant plus réel que la société vient de relever d'un bon milliard d'euros l'évaluation de sa perte nette pour le quatrième trimestre 2008. Aussi, Fortis Banque supportera elle-même les premières pertes éventuelles sur ses actifs à risque, à concurrence de 3,5 milliards d'euros, mais l'Etat belge garantira le 1,5 milliard d'euros suivants. De son côté, l'Etat est prêt à renflouer la banque, si besoin, dans les trois ans, pour au maximum 2 milliards d'euros, ce qui pourrait faire repasser sa participation au-dessus de 25%. S. I.