La quatrième édition du Salon international de la pêche et de l'aquaculture (SIPA) s'est déroulée la semaine dernière dans un contexte marqué essentiellement par une hausse effrénée des produits halieutiques. La sardine s'est vendue ces derniers jours à un prix inabordable -300 DA le kg-, mirobolant pour le consommateur, même si, du côté des responsables du secteur qui relativisent, plusieurs facteurs clés sont derrière cette situation. Pour nos interlocuteurs, outre les lois du marché, la pêche, elle aussi, dépend des aléas climatiques. Mais, au demeurant, la question qui taraudent les esprits des responsables du secteur de la pêche est comment produire plus pour un marché dont la demande ne cesse de croître. En fait, selon les chiffres avancés, l'Algérien consomme de plus en plus de poisson ces dernières années à la faveur de l'amélioration des conditions de stockage et de transport. La consommation est passée de 3 kg par habitant et par an en 2000 à 5,5 kg actuellement. C'est ce qu'a tenté d'expliquer le directeur général de la Chambre algérienne de pêche et d'aquaculture, M. Toufik Rahmani, rencontré en marge du Salon de la pêche. Mais, outre l'amélioration des conditions de transport et de stockage, notre interlocuteur ne cache nullement que la biomasse des ressources halieutiques en Algérie (600 000 tonnes) n'est rien devant ce que recèlent les côtes mauritaniennes ou marocaines, respectivement évaluées à 1,5 million et 1,2 million de tonnes. Donc, selon ses dires, il faut se tourner vers d'autres investissements tels que le poisson d'élevage et en général l'aquaculture pour produire plus. En chiffres, selon le même responsable, les investissements, qui ont commencé à produire ces derniers temps, fournissent au marché quelque trois mille tonnes à l'échelle nationale, une quantité qui est loin de satisfaire une demande beaucoup plus considérable. Néanmoins, selon M. Rahmani, le ministère de la Pêche et de l'Aquaculture a mis au point un schéma directeur de développement des activités de la pêche et de l'aquaculture à l'horizon 2025. Ce schéma, qui représente la bagatelle de 102 milliards de dinars, permettra au secteur de bénéficier de pas moins de 4 000 projets dans les différents domaines de l'aquaculture, dont les fruits, ajoute-t-il, pourront être récoltés dès 2015. En somme, affirme le directeur de la chambre, le secteur a franchi un pas important, sachant que ce n'est qu'en 2000 que le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques a été installé. La question de la régulation du marché figure également dans le tableau des priorités du secteur. Selon certains pêcheurs, si les prix ont connu des hausses vertigineuses, c'est également à cause des spéculateurs de tout bord. A cette question, M. Rahmani a affirmé qu'un projet est en cours de réalisation afin de remettre de l'ordre dans la distribution et la commercialisation. 12 halles à marées seront réalisées dans différents points côtiers du pays, selon ses dires. Cela permettra d'organiser le marché mais aussi de couper l'herbe sous le pied aux spéculateurs. Trois régions pilotes ont été sectionnées pour cela. Il s'agit de Boumerdès, de Mostaganem et de Skikda. Somme toute, le secteur de la pêche a bénéficié de nombreux projets tendant à améliorer le rendement et la production. Ainsi, une ferme pilote destinée à l'élevage de la crevette et qui pourra en produire 5 tonnes, a été réalisée en partenariat avec des Egyptiens. Un projet destiné à produire des alevins et promouvoir la recherche scientifique à Skikda et d'autres en partenariat avec l'Iran, la Turquie et certains pays méditerranéens sont actuellement à l'étude. En tout et pour tout, 186 sites pour l'investissement dans le secteur ont été déjà identifiés à travers le pays. Il y a lieu de signaler enfin que, malgré les avancées notables enregistrées ces dernières années, les potentialités existantes demeurent sous-exploitées. Cela est dû, à en croire des marins pêcheurs rencontrés en marge du SIPA, aux équipements qui restent traditionnels mais aussi aux contraintes bureaucratiques qui sont toujours un obstacle pour les investisseurs. Certains marins pêcheurs ont même insisté sur le fait que les compétences locales sont marginalisées pour différentes raisons. Et, malgré cet état des lieux, force est de constater que des investisseurs ont pu mettre au point des projets ambitieux et arrivent même à exporter. S. B.