La faible intégration du continent africain dans le système financier mondial ne l'a pas épargné pour longtemps de la crise économique mondiale. L'Afrique, se voit, malheureusement, touchée par ce marasme financier et ne peut désormais être à l'abri des conséquences socio-économiques qui s'abattent sur la quasi-totalité des économies mondiales. La différence, il faut le noter, réside dans le fait que le continent africain subira d'une manière plus forte qu'ailleurs les dommages collatéraux de cette crise, compte tenu de la fragilité de ses économies nationales. Longtemps marqué par des guerres civiles et des sempiternels conflits politiques, tout porte à croire que le continent le plus démuni de la planète connaîtra des conséquences humaines et sociales désastreuses. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Alors que les pays africains enregistraient, en ces temps de crise, des taux de croissance parmi les plus élevés au monde, les ambitions et les prévisions des différents organismes et institutions financiers internationaux, tels que le FMI et la BM, sont d'ores et déjà révisées à la baisse. «Après avoir frappé les pays industrialisés et ensuite les marchés émergents, une troisième vague de la crise financière mondiale frappe maintenant les pays les plus pauvres et les plus vulnérables, et elle frappe durement», relevait la semaine dernière le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, en présentant une étude à Washington. Dangereusement dépendantes des exportations des hydrocarbures, les économies africaines ont vu chuter les volumes des investissements directs étrangers (IDE) de 20%, estime le patron du FMI, pour qui l'Afrique a besoin de financements supplémentaires de l'ordre de 11 milliards de dollars dans les prochains cinq ans. Pis, les estimations de la Banque mondiale font état, hélas, d'un grave déficit financier, évalué entre 270 et 700 milliards de dollars pour la seule année 2009. «Seulement un quart des pays en développement ont la capacité de financer des mesures visant à limiter l'impact de la crise», s'alarme la BM, dans un document rendu public cette semaine. Du côté des dirigeants africains, le feu est en la demeure. Le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, n'a pas pu cacher ce scénario qui va encore aggraver la situation socio-économique des Africains. «La gravité d'une crise orientant davantage l'agenda de la communauté internationale vers le sauvetage et le renflouement des institutions bancaires et financières que sur le financement du développement. Au même moment, les économies et les populations africaines s'apprêtent à subir de plein fouet les conséquences de ces crises dont elles ne sont nullement responsables», avait-il souligné, cité hier par des agences de presse. Devant une telle situation, les dirigeants africains vont se réunir dès aujourd'hui et demain à Dar Es Salaam (Tanzanie) avec des responsables du Fonds monétaire international (FMI) en vue d'identifier les moyens de réduire l'impact de la crise financière mondiale sur leurs pays. Cette réunion s'avère des plus importantes, d'autant que les Africains sont également appelés à dégager une idée plus claire de la meilleure manière de défendre les intérêts des pays en développement au sommet du G20 en avril à Londres. S. B.