Le pétrole s'invite dans tous les débats. Il a même ravi la vedette au dollar et aux autres produits alimentaires. La flambée des cours de l'or noir alimente chaudement en ce début d'été les discussions dans les grands meetings organisés à l'échelle internationale. Réunion des ministres des Finances du G8, visite de Ban- Ki-moon en Arabie saoudite, forum euro-asiatique, les rencontres sont nombreuses à cet effet. A chacun sa manière d'analyser la situation et d'aborder le dossier selon ses intérêts. Certains parlent de prix «anormalement élevés» et d'autres se déclarent inquiets de l'impact de cette envolée sur les produits alimentaires de base et sur la croissance mondiale. Le point commun, c'est que tout le monde parle de spéculation. Les ministres des Finances des pays industrialisés du G8 ont d'ailleurs adressé hier un avertissement aux «spéculateurs» les soupçonnant d'être en partie responsables de l'envolée des prix du pétrole. «Les prix élevés des matières premières, particulièrement ceux du pétrole et de la nourriture, constituent une menace sérieuse pour la stabilité de la croissance mondiale, ont des conséquences graves pour les plus vulnérables et peuvent accroître les pressions inflationnistes dans le monde», ont prévenu les ministres des Finances dans le communiqué final de leur réunion d'Osaka. Mais en réalité les pays du G8 s'inquiètent beaucoup plus pour leurs intérêts sans pour autant avoir clairement réagi à l'épisode de la flambée des prix des produits alimentaires qui ne les ont pas réellement affectés. Mais, aujourd'hui qu'ils se sentent touchés directement par l'envolée du prix du pétrole dont ils sont de grands consommateurs, ils ont décidé de passer à l'avertissement sous prétexte que la stabilité de la croissance mondiale est menacée. Ces derniers sont allés loin en demandant au Fonds monétaire international (FMI) et à l'Agence internationale de l'énergie (AIE) d'analyser les «facteurs réels et financiers derrière le récent bond des prix du pétrole et leur volatilité». De manière sommaire, c'est la crainte chez les pays consommateurs. Car, ce qui s'est passé en Afrique avec les émeutes de la faim risque de se reproduire chez eux avec les «émeutes de l'essence». S. I.