La Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA-assurance) a signé le jeudi 12 mars à Alger une convention de partenariat avec le groupe agroalimentaire privé Danone Djurdjura Algérie (DDA). L'accord, paraphé par le directeur général de la CNMA, Kamel Arba, et le directeur général de DDA, Paolo Maria Tafuri, a pour objectif générique de «promouvoir la culture de l'assurance» chez les éleveurs, de la vulgariser, «d'encourager» ces derniers à souscrire à une assurance. L'effet «psychologique», c'est «important», note le directeur de la CNMA, au cours d'une conférence de presse qu'il a animée conjointement avec son homologue de DDA, à l'issue de la cérémonie de signature de l'accord. En vertu de cette convention, produit d'une série de négociations, la CNMA va assurer quelque quatre cent cinquante éleveurs qui approvisionnent le groupe Danone en lait cru ainsi que la prise en charge de leur cheptel s'élevant à cinq mille vaches laitières. La caisse s'engage également à assurer onze mille vaches laitières que ce groupe compte acquérir durant les deux prochaines années. Des vaches laitières françaises pour l'Algérie, Danone, en a déjà importé. Il s'agit de vaches qui s'acclimatent à l'environnement algérien, souligne Paolo Maria Tafuri. Danone Algérie veut, semble-t-il, une alliance solide avec la CNMA à objectif à long terme. L'idée est de développer la filière laitière, de protéger le patrimoine des éleveurs, de consolider la coopération entre le secteur agroalimentaire laitier et celui des assurances, de réduire, autant que faire se peut, l'importation de la poudre de lait, entre autres. Cette symbiose entre les deux associés, le directeur de la Caisse nationale de mutualité agricole l'a mise en relief lors de la conférence de presse, soulignant que l'accord de partenariat conclu, la caisse s'en réjouit, promet qu'elle sera à la hauteur des défis que celui-ci induira et qu'elle fait tout pour que cette convention aille pour le mieux. Les deux parties semblent ainsi regarder dans la même direction pour une meilleure prise en charge du monde agricole, du monde des éleveurs, des activités des éleveurs. A charge aux éleveurs de s'organiser, d'adhérer à cette stratégie. Arba Kamel explique que ce que veut la Caisse dont il est responsable, c'est de «moderniser» l'activité de l'élevage, de rendre l'éleveur «solvable» auprès des banques, et de «contribuer» à l'augmentation de la production nationale de lait cru. L'Algérie reste le premier consommateur de lait à échelle maghrébine, avec plus de trois milliards de litres par an, sachant que le taux de couverture n'avoisine pas plus de soixante pour cent, le reste étant importé sous forme de poudre de lait, selon un document de Grfi, groupe de réflexion Filaha. Paolo Maria Tafuri fait remarquer, lui, que l'ambition de Danone est de répondre aux attentes des éleveurs, de les aider à développer leur activité, à asseoir de bonnes pratiques en matière d'élevage, et de manière plus générale, de contribuer à mettre en place, en Algérie, un «modèle économique solide». Le groupe privé DDA entend intervenir, pare exemple, dans le domaine de la formation. Il travaille déjà à la maturation d'un ensemble de modules pour former les éleveurs, ainsi que le relève son directeur général. C'est un gros chapitre dont a parlé le président de l'ONIL, Mohamed Soukal, présent à la cérémonie de signature. Celui-ci a révélé qu'un projet de création de trois fermes écoles pour former les éleveurs est à l'étude. Des négociations sont en cours entre le ministère de l'Agriculture, l'ONIL et les instituts techniques pour la création de ces écoles, l'une à El Tarf ou Annaba, l'une à Alger et l'autre à Sidi Bel Abbès. Le groupe français souhaite par ailleurs resserrer ses relations avec les éleveurs, avec des organismes du secteur agricole, se ramifier à travers les différentes wilayas. Dans un autre registre, la Caisse nationale de mutualité agricole s'apprête à lancer très prochainement une opération pilote d'identification du cheptel bovin. Ce sera une action qui permettra d'améliorer les conditions de prise en charge du risque animal. C'est une opération, dite «puce électronique». Elle se donne comme objectif d'identifier le cheptel bovin dans les exploitations d'élevage et ce, dans le cadre d'un programme visant à améliorer les conditions de prise en charge du risque animal. Mais comment faut-il s'y prendre ? Il fait déterminer les caractères physiques de l'animal : les éléments extérieurs permettant de le reconnaître, de repérer les animaux dépistés contre les maladies à déclaration obligatoire, et d'isoler les têtes malades. Il est question aussi d'enregistrer le rendement laitier de chaque vache par jour, c'est-à-dire établir une fiche technique assurance rendement laitier. Cette opération pilote est de nature à permettre à l'expert de vérifier d'une manière très rapide, lors de son entrée à l'étable, la conformité du nombre d'animaux existant au nombre d'animaux assurés le jour de la souscription. La CNMA proposera, entre autres, des formules de prestation notamment le remboursement des frais médicamenteux, des soins et des éventuelles opérations chirurgicales, dans un contrat d'assurance groupe adapté aux éleveurs. La CNMA est une institution financière, agréée par la Banque d'Algérie pour l'activité bancaire et par le ministère des Finances pour l'activité assurances. Elle opère dans le développement de l'agriculture. Elle offre à sa clientèle, à travers son réseau une palette de services : les assurances agricoles et extra agricoles ; les opérations de banque et de crédit ; la gestion des fonds d'Etat d'aide à l'agriculture ; les opérations de leasing ; les opérations d'intermédiaire financier des valeurs du Trésor… Son allié Danone Djurdjura est fortement présent en Algérie. Outre la filière lait, le groupe français a étendu ses ambitions à la boisson. Il y a quelques années, il a racheté la société algérienne d'eau embouteillée Tessala auprès du groupe Algad. De cette opération est sortie la marque Hayet commercialisée aujourd'hui sur le marché. Le groupe Danone est leader mondial des produits laitiers frais et des eaux en bouteille (en volumes) et est classé numéro deux mondial sur le marché des biscuits et produits céréaliers. Dans la zone Afrique du Nord et Moyen-Orient, le groupe réalise d'importants chiffres d'affaires. Y. S.