Photo : S. Zoheïr Par Amirouche Yazid Les clubs de football algériens ont une échéance de deux saisons pour se conformer à la nouvelle instruction de la FIFA portant sur la professionnalisation des associations sportives. Un cahier des charges est ainsi établi par l'instance internationale. Cette dernière a fixé l'an 2011 comme ultime délai pour se conformer à ce qui sera le standard international. L'octroi d'une licence à un club ne sera plus une simple formalité. Le document ne sera plus délivré au premier venu. «Tout club candidat à la licence doit se soumettre à une procédure de candidature dirigée par l'association membre concernée, dite bailleur de licence. Les fédérations nationales et la FIFA joueront un rôle de supervision dans la mise en place du système d'octroi de licence». La correspondance de la Fédération internationale de football association adressée aux fédérations nationales explique que la licence est une condition sine qua non pour s'inscrire à une compétition régionale ainsi qu'à une compétition nationale de club. Cinq catégories de critères sont établies. Critères sportifs, critères d'infrastructures, critères de personnel et administratifs, critères juridiques et, enfin, critères financiers. Pour répondre à une série d'exigences, les clubs algériens ont manifestement du pain sur la planche. Ils doivent fournir beaucoup d'efforts pour se conformer et espérer avoir le droit d'accès à la cour des professionnels. Une partie des critères sportifs exigent l'approbation d'un programme de développement des jeunes par le bailleur de licence et des équipes juniors. Sur ce point, nos clubs accusent un retard incommensurable. Un projet sportif ? Cela n'existe pas. Les dirigeants ne voient pas plus loin que la prochaine journée de championnat. Aucun président des clubs de l'élite ne se soucie du quotidien des jeunes catégories. Parfois, ces dernières ne bénéficient pas d'équipement sportif et ne sont pas parfaitement pris en charge en cas de blessure. Elles sont livrées à elles-mêmes. Un président de club a frisé le ridicule, il y a quatre ans, en payant les primes de signatures des seniors avec l'argent gagné par les juniors ayant remporté un trophée national. Nul besoin de chercher ce que perçoivent les entraîneurs de ces catégories. Le mépris est total. Le résultat est implacable : nos jeunes n'apprennent que 2% du football professionnel. C'est décidément la conséquence de la promotion d'une génération de dirigeants qui gère plutôt les humeurs que les affaires. L'instruction FIFA est annonciatrice de la mort d'un mode de gestion plus proche du charlatanisme que du rationnel. La mise en application de la feuille de route de la FIFA sonnera inéluctablement la réhabilitation des vraies valeurs de la discipline. Elle situera certainement la responsabilité des uns et des autres. Car, jusqu'à présent, tout le personnel du football national refuse d'assumer les échecs à répétition que collectionne l'Algérie. Le second changement qui naîtra à la faveur de l'instruction de l'instance internationale sera vérifié au niveau de l'infrastructure sportive. La FIFA prévoit, à cet effet, une certification des stades accompagnés d'installations d'entraînement. Il est vraisemblablement attendu que certaines enceintes sportives disparaissent complètement du paysage sportif national. Pour la simple raison qu'elles ne répondent pas aux standards minimaux. L'homologation de quelques-unes pour des clubs évoluant dans le premier palier du championnat n'a fait que renforcer le mal qui ronge notre football. Il est vrai que des stades ont été construits ces dernières années. Il n'en demeure pas moins vrai que l'insistance à exploiter des micro-stades, à l'exemple de Zioui et bien d'autres, contribue au maintien de la discipline au niveau le plus bas. Les clubs se plaignent à longueur d'année de la misère de l'infrastructure sportive, particulièrement dans la capitale. Le mal est là depuis au moins une quinzaine d'années. Il est fort probable que les responsables de clubs s'en remettent aux pouvoirs publics desquels ils attendent souvent des solutions, notamment lorsqu'il s'agit d'argent. Les deux parties seront néanmoins tenues d'offrir les solutions qui s'imposent en matière d'infrastructures. Les exigences de la FIFA sur ce terrain participeront inévitablement à doter le pays d'enceintes de qualité. Ce qui réduira la souffrance des techniciens, les premiers à faire les frais de l'inexistence des sites de préparation. Mis souvent dans des conditions défavorables, les entraîneurs, ceux des clubs comme ceux des sélections nationales, subissent les conséquences des mauvais résultats. L'injonction de la FIFA sera certainement salvatrice dans la mesure où elle extirpera la discipline des enceintes de fortune dans lesquelles nos joueurs se forment pour un football d'un âge révolu. Nos associations sportives sont également tenues de revoir leur structuration. La Fédération internationale de football ne tolérera plus la concentration des prérogatives chez le président. Elle exige un secrétariat du club, un directeur général, un responsable financier, un médecin, un entraîneur en chef de l'équipe première, un chef du programme de développement des jeunes, des entraîneurs des juniors…. Autant de changements dont la mise en œuvre est attendue pour 2011. La gestion du football national doit-elle vivre un autre âge à la faveur de l'instruction FIFA ? L'espoir est énorme. A moins que le bazar dicte sa loi.