Il va sans dire qu'un grand changement attend le football national. La réforme s'annonce d'autant plus conséquente que les réticences et les réactions de rejet n'ont pas manqué. Les plus «conciliants» se cachent derrière un certain euphémisme, pour dire surtout que la manière n'y était pas. Les plus pragmatiques, en revanche, estiment qu'il y avait urgence et que, de ce fait, on ne pouvait plus se permettre de se perdre dans les détails, ajoutant : «On ne peut avancer sans faire d'efforts.» Le professionnalisme se mérite. Il fallait donc s'y mettre. Et quand on compte embrasser bientôt, et pour de bon, le professionnalisme, une instance comme la LNF n'a plus lieu d'être. Vivement alors une ligue professionnelle comme cela se fait ailleurs ! Pour cela, le président de la FAF, Mohamed Raouraoua a annoncé la mise en place d'une ligue professionnelle à partir de 2011. Les clubs seront donc soumis à un cahier des charges qu'il faudra remplir pour accéder à cette ligue, sinon, ils garderont leur place en première division, selon un organigramme de compétitions. Reste maintenant à savoir si ce projet ambitieux, dicté du reste par les orientations de la FIFA, est réalisable sachant que nos clubs croupissent encore dans une misère structurelle et financière certaine. «On verra bien le résultat que cela donnera, mais une chose est sûre : nous sommes obligés d'aller dans cette direction sous peine de rester en rade des avancées qui se font un peu partout dans le monde», dira Raouraoua sans omettre de rappeler que «l'État accompagnera cette nouvelle orientation organisationnelle pour garantir son succès». Pas de participation sans licence professionnelle Il est à noter que conformément aux décisions de la FIFA, les clubs qui ne disposeront pas de licence professionnelle à partir de 2011 ne pourront pas participer à des compétitions internationales. Il faut, cependant, toute une procédure pour «s'en débarrasser». Il fallait bien passer par l'avis des clubs qui se trouvent être les plus intéressés, comme le déplorent les présidents de clubs de division deux. Les dernières décisions à l'actif du nouveau bureau fédéral n'ont pas fait que des heureux. On a entendu et lu que certains parmi les membres frustrés ou désabusés envisagent de porter «l'affaire» devant les instances compétentes, voire les tribunaux habilités à s'en saisir. Baliverne ! Notre football est beaucoup moins compliqué que cela. Il vaut donc mieux prendre le train en marche pour aller de l'avant. Il était temps de larguer tous ceux qui se faisaient un devoir de tirer le football national vers le bas. Il y va de leur survie. Rappelons-nous toutes ces expériences avortées et ces occasions ratées à cause de dirigeants qui ne pouvaient admettre une exception du football autre que celle qu'ils ont toujours connue et qui les arrangeait à plus d'un niveau. Aujourd'hui, on doit avoir toutes les raisons de penser que le projet lancé ira jusqu'au bout. De tout temps, on a montré du doigt le manque de moyens, d'argent, nerf de la guerre, se plaisaient-ils à répéter. Parrains et sponsors, l'Etat en tête, n'ont pas lésiné sur les moyens. En vain, ajouterait-on. Maintenant que la volonté politique est on ne peut plus manifeste et explicite, on se doit d'aller de l'avant. Les directives des responsables du sport algérien, faisant profiter le football national d'une manne salvatrice, vont dans le sens d'une évolution qui devrait concorder avec l'ambition des Algériens connus pour être de grands passionnés du ballon rond. Et pour que les objectifs fixés soient atteints, il est impératif de trancher avec les erreurs et méthodes du passé. Les clubs sont les premiers concernés. Ils sont appelés à montrer le bon exemple. Ils n'ont qu'à se soumettre ou se démettre. On a trop parlé, par le passé, d'un cahier des charges imposé à tous, mais rien n'a été fait. On a continué de la sorte à faire du surplace, à régresser forcément. C'est, donc, un pseudo-championnat qui nous a été servi jusqu'ici avec ses inévitables anecdotes pour le moins rocambolesques. Au point que l'on ne s'étonne plus de rien quand on entend parler de «matches arrangés, d'arbitres ou de joueurs vendus et de dirigeants ou entraîneurs chefs d'orchestre». Un nouveau système de compétition dès la saison 2010/2011 M. Raouraoua a réitéré la volonté de la FAF de moraliser le football algérien, et, particulièrement, le fonctionnement des clubs avec la mise en place d'une ligue professionnelle de football dès la saison 2010-2011. Pour cet objectif, qui répond aux exigences de la Fédération internationale de football (FIFA) concernant les championnats africains, dont l'Algérie, une note a déjà été, rappelle-t-on, envoyée par la FAF aux clubs de l'élite pour qu'ils se préparent à cette échéance. Le Sénégal a été l'un des pays africains à s'adapter à cette exigence, dès cette année, avec la mise en place d'un championnat professionnel à deux divisions. «Nous sommes en train de nous préparer à cette échéance aussi bien avec les clubs qu'avec les pouvoirs publics», a souligné M. Raouraoua. Et, pour donner plus de consistance à ce projet, il a annoncé la présentation prochainement au gouvernement d'un plan de réformes visant la professionnalisation du football algérien. Selon M. Raouraoua, ce projet de réforme, articulé sur le professionnalisme et la formation, est actuellement en cours d'élaboration avant sa présentation au gouvernement. Le président de la FAF a également annoncé l'instauration, à partir de cette saison 2009-2010, d'un Championnat national pour la catégorie des U20 des divisions une et deux. Ces équipes de jeunes disputeront un championnat identique à celui des seniors et évolueront en ouverture des matches seniors. Le président de la FAF a annoncé, également, un changement du système d'organisation des compétitions pour la saison 2010-2011. «On revient à une première division de 16 clubs mais pour la division nationale deux, ce sera trois groupes de 14 clubs pour éviter le déséquilibre régional. Avec une division deux unique, on risquait de se retrouver avec une élite dépourvue de toute une région. La mise en place d'un 4e groupe du Sud dans le championnat de la ligue interrégions obéit à la même philosophie», a-t-il dit. Par ailleurs, le boss de l'instance suprême du football national a souligné qu'elle compte «imposer l'application de la loi et de la transparence dans la gestion des clubs de football», précisant que la fédération est «en train d'examiner ce dossier avec le ministère de la Jeunesse et des Sports pour codifier la gestion des clubs de football». Sur le fonctionnement de ces derniers, il a estimé que «la désignation des membres de l'assemblée générale des clubs et l'élection de leurs responsables se déroulent souvent de manière irrégulière». «Il en résulte, a-t-il ajouté, que les clubs échouent dans leur mission de formation des jeunes et sont incapables de doter les équipes nationales de bons joueurs.» M. Raouraoua s'est dit «étonné» que l'on ne puisse pas dégager une équipe nationale parmi les 44 000 joueurs évoluant dans les championnats locaux alors que la formation ayant participé au Mondial 82 était composée pour la majorité de joueurs locaux et que leurs clubs n'avaient ni les moyens ni les structures disponibles actuellement. A l'époque, «les clubs assumaient, en fait, leur mission de formation», a-t-il affirmé. Le président de la FAF a précisé que le nombre de licences accordées aux joueurs suivant leurs catégories d'âge montre clairement que les clubs négligent la formation. Gestion de clubs et formation En effet, les licences pour la saison passée ne dépassent pas 4 000 pour les moins de 13 ans contre 44 000 pour les seniors, 40 000 pour les moins de 20 ans et 35 000 pour les moins de 15 ans. Ce qui prouve qu'on ne se soucie guère du travail avec les jeunes. Tout le monde aimerait travailler avec l'équipe fanion où l'on est mieux rémunéré et considéré. Pourtant, l'Algérie possède 11 000 éducateurs et plus de 1 200 clubs affiliés qui ont pour rôle de préparer et d'éduquer les jeunes. Il faut dire que l'Etat est en train de faire énormément pour le développement des infrastructures sportives. On dénombre 1 058 stades gazonnés et homologués, dont 48 en gazon naturel. Le président de la République, qui aime le football, n'a pas caché la disponibilité de l'Etat pour insuffler un sang neuf au secteur, mais aussi au football. F. C.