Avec la montée sans cesse ces derniers temps du prix du baril qui a frôlé hier les 140 dollars (139,89) à New York, les analyses et les interrogations se multiplient quant aux conséquences de cette flambée, notamment dans les pays producteurs. Lesquels enregistrent, selon les spécialistes en la matière, des pertes importantes générées par les transferts financiers des compagnies pétrolières opérant dans ces pays, comme c'est le cas de l'Algérie. Dans une analyse adressée à notre rédaction hier, l'expert pétrolier Mohamed Sofiane Kasbadji estime d'emblée : «Ces transferts donnent lieu à moult spéculations et à des dérives dommageables.» Globalement, entre 2005 et 2006, les transferts réalisés par les associés de Sonatrach ont atteint en moyenne 5 milliards de dollars par an. Ce montant comprend globalement les dépenses en capital et en coût opératoire et la rémunération nette. Or, cette somme, selon le spécialiste, ne prend pas en considération l'envolée du prix du pétrole ni le volume produit. De l'avis de M. Kasbadji, l'augmentation des recettes pétrolières ces trois dernières années devait se traduire par l'amélioration des bénéfices de Sonatrach, et de ses associés en parallèle. Ces associés ont investi pour rappel, en 2005 et 2006, 2 milliards de dollars annuellement. Cependant, le niveau des transferts opérés n'a pas changé. Il est toujours, selon l'analyste, de la même ampleur que celui de leurs investissements. En d'autres termes, la hausse des prix du baril n'a pas été prise en considération dans le calcul des bénéfices. A titre indicatif, les contrats d'exploration et d'exploitation pétrolières régis par la loi 86-14 (amendée en 1991) n'assurent aux associés que le droit de transférer le montant correspondant au remboursement de sa part et des bénéfices nets. Et ce, même si ces associés ont fortement contribué à l'amélioration de la production pétrolière. Laquelle est passée de 0,8 mb/j en 1999 à 1,4 mb/j ces dernières années. Car, faut-il le noter, sans l'assistance étrangère et l'apport de ces compagnies, les découvertes ne seraient pas aussi importantes. «L'aisance financière que connaît actuellement le pays, si elle est en partie due à la hausse des prix sur le marché international, reflète aussi une large mesure de la production nationale de pétrole, il ne faut pas l'oublier !» écrit M. Kasbadji dans son analyse. Ce qui bloque, selon lui, les investissements étrangers. «Pour être efficace, toute politique d'investissement se doit de définir un cadre compétitif pour attirer des compagnies pétrolières internationales dans une industrie très concurrentielle», plaide M. Kasbadji, avant de conclure : «Pour être crédible, une telle politique se doit aussi d'être équitable et inscrite dans la durée.» S. I.