Synthèse de Fella Bouredji Le ksar de l'oasis de Taghit, dans la wilaya de Béchar, nécessite une opération de réhabilitation urgente. C'est ce que s'accordent à dire plusieurs spécialistes. Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la région l'ont beaucoup endommagé. Ainsi, l'entretien et la maintenance de ce genre de sites pour lesquels les pouvoirs publics ont dégagé, entre 2001 et 2003, un montant de 240 millions de dinars au titre du Fonds spécial de développement des régions du Sud (FSDRS) revient sur le devant de la scène. Le ksar de l'oasis de Taghit a été édifié au XIe siècle, il est à cet effet considéré comme l'un des plus importants de la wilaya de Béchar en raison de son histoire, son rôle dans la stabilisation des populations nomades de la région jadis et la création de l'actuelle ville de Taghit, devenue un pôle touristique incontournable. Totalement restauré et réhabilité en 2004, ce joyau architectural n'a pas résisté aux intempéries de l'automne dernier qui ont provoqué l'effondrement d'une grande partie de son ancienne mosquée et des dégâts à plusieurs espaces communs et à 30 habitations. Le premier responsable de cette commune, située à 97 kilomètres au sud de Béchar, a indiqué à l'APS que le «peu de moyens dont dispose la collectivité ne peuvent être utilisés pour la sauvegarde de ce site». Plusieurs spécialistes imputent ces dégâts au «manque de savoir-faire» en matière de restauration des sites et monuments historiques mais aussi à «la non-maîtrise des méthodes d'élaboration et de fabrication des matériaux de construction traditionnels, largement utilisés par les entreprises ayant pris en charge les travaux de réhabilitation». Abdelwahab Araboui, architecte du service technique de la commune de Taghit, a déploré un «manque de dextérité» en matière de prise en charge des opérations de restauration du ksar. Selon lui, le choix des entreprises spécialisées dans la restauration de ce type d'espaces «n'a pas été judicieux». «De même que les techniques de restauration et d'utilisation des matériaux résistants comme la poudre de marbre n'ont pas été suivies», a-t-il ajouté.Ainsi, l'utilisation de matériaux de construction modernes a «complètement faussé les données et les aménagements entrepris à l'intérieur des habitations et des espaces communs ont été à l'origine de dégâts irréparables, comme la destruction des dessins muraux, d'œuvres artistiques et autres équipements anciens, considérés, à juste titre, comme faisant partie du patrimoine du ksar», a également souligné la même source. Faire appel à des bureaux d'études et à des entreprises spécialisées s'avère «impératif pour mettre fin à l'anarchie qui caractérise les opérations de restauration des ksour et autres monuments historiques dans le Sud», a-t-il affirmé. Une architecte à la direction de l'urbanisme et de la construction (DUC), Mlle Hafida Berbaoui, a estimé de son côté que la problématique «ne se situe pas dans la maîtrise des techniques de restauration», qui ont été «respectées durant toute la durée des chantiers». Pour cette technicienne, le manque de maintenance et d'entretien des sites restaurés et réhabilités est à l'origine des dommages causés par les fortes pluies qui se sont abattues sur la région en octobre dernier. La représentante de la DUC a suggéré que ces opérations soient assurées par la commune qui, selon les textes en vigueur, doit prendre en charge ce volet et imposer aux propriétaires des habitations restaurées le respect des normes de maintenance et d'entretien.