De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Les entreprises publiques ayant fait l'objet de privatisation n'ont pas été toutes récupérées dans un état performant. Du moins, c'est une appréciation globale émise par la majorité des bénéficiaires et étayée dernièrement par la Fédération algérienne des entreprises reprises par des salariés (FARES). Dans l'est du pays, plus précisément à Constantine, la privatisation des sociétés publiques n'a pas dérogé à la règle de µ«précipitation» dans la procédure de cession. En fait, l'Etat n'a pas mesuré l'ampleur de la privatisation sur la relance immédiate des chaînes de productions quand il s'agit de sociétés industrielles. «On déplore la présence de sociétés déstructurées et dépourvues de trésorerie qui permette, ne serait-ce qu'un démarrage dans des conditions favorables en vue de redresser la barre financière au fur et à mesure.» C'est la lecture du constat auquel est parvenu M. Lebhour, directeur de La Constantinoise impression (LCI SPA), société reconvertie en 2004 à l'issue de la privatisation de SOTRIM, créée en 1999. La récente firme qui excelle dans les travaux d'imprimerie comme la quadrichromie et les documents administratifs, s'impose un tant soit peu dans un marché local et régional. Fonctionnant avec un effectif de 32 personnes et chapeautée par un conseil d'administration formé de 5 membres, dont 3 actionnaires, l'entreprise est gérée par une présidente qui œuvre conformément au code de commerce et rend compte durant le conseil et l'assemblée générale, explique notre même interlocuteur et d'ajouter : «L'essentiel pour nous, au préalable, était de préserver des emplois. Ce qui est chose faite. En plus, tous nos employés sont déclarés et nous sommes à jour avec la fiscalité et la CNAS.» La LCI compte agrandir son champ d'activité et, par ricochet, créer quelques postes d'emploi. Pour ce faire, il lui faudrait d'abord acquérir un nouvel équipement à la dimension de la demande du marché. «On projette de renouveler l'équipement essentiel à 50%. C'est pratiquement avec un matériel obsolète que l'on travaille. Le marché actuel requiert de nouvelles machines qui vont dans le sens du développement de la gamme de produits. A titre d'exemple, nous envisageons d'améliorer les listings de banque au niveau de l'Est. Désormais, ce sera des feuilles significatives en couleur.» D'autre part, poursuivra le directeur, «Constantine détient un gros marché dans l'agroalimentaire qui nécessite une prise en charge assez particulière dans la confection de son emballage». Autant de perspectives que la société voudrait mettre au point si «les pouvoirs publics s'attellent à une réflexion sur un éventuel rééchelonnement de l'échéancier de la cession, estimée à 4 milliards et demi de centimes étalé sur 20 ans». En tant que membre de la FARES M. Lebhour suggère même «un effacement de la dette comme cela était le cas pour les autres secteurs. Cette proposition sera incessamment soumise au bureau de la fédération. Il est inconcevable que l'Etat cède des entreprises «garnies» de crédit. Dans notre cas, aucun assainissement financier n'a été opéré après l'acte de cession. Nous avons hérité d'une société dont le montant des impôts était de l'ordre de 7 millions de dinars entre impositions fiscales et parafiscales. Heureusement que la dette s'est vue acquittée en plusieurs échéanciers de paiement». Sur un autre registre, le gérant déplore l'inattention des responsables sur ce genre d'entreprises, de par leur «éloignement dans tous les dispositifs d'assainissement des entreprises stratégiques». C'est cette «omission» qui «nous pousse à solliciter M. Selia pour une réunion qui fera l'objet d'une demande officielle quant au soulagement ou réévaluation de la dette de départ». Réalisant un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 40 millions de dinars, la CLI revoit ses intentions à la hausse pour peu que les banques répondent favorablement à un crédit évalué à près de 25 millions de dinars. Cela dit, au cas où les pourvoyeurs publics ne daigneraient pas répondre par l'affirmative à «l'effacement» de la dette, une autre alternative plane au-dessus de l'usine. Elle a trait à la recherche d'un partenariat qui pourrait propulser les rotatives. Une idée perçue pour l'heure avec précaution par le conseil qui voudrait agir étape par étape. «Il ne faut pas oublier que les entreprises privées jouent aussi un rôle dans la résorption du chômage. Autant la société jouit d'une bonne santé financière, autant elle crée des emplois…» conclut M. Lebhour. Sachant enfin que la société d'impression, sollicitée par la wilaya et l'APC pour une part du marché se frotte à une concurrence déloyale. Cette situation ne semble pas pour le moment inquiéter outre mesure ses responsables qui croisent les doigts pour un calendrier plus clément sur ce qui reste de la somme de la première cession de 5, 4 milliards de centimes. Décharger la créance traduit le rêve de la CLI.