Un milliard d'humains n'ont pas accès à l'eau potable. Soit pratiquement 1/6ème des habitants de la planète. Un problème qui risque de s'aggraver si les engagements formulés chaque année par les gouvernants ne sont pas suivis d'effet. Jusqu'ici, de simples palabres qui animent les sommets mondiaux et les forums, alors que l'eau se raréfie de plus en plus et que la population mondiale s'accroît. L'un des défis de l'Objectif du millénaire pour le développement est de réduire de moitié, d'ici à 2015, la population qui n'a pas accès à l'eau potable. Défi impossible à réaliser si aucun effort n'est accompli par la communauté internationale pour le financement de l'accès à l'eau. Depuis 1992, année où le 22 mars a été sacré Journée mondiale de l'eau, aucune avancée n'a été réalisée dans ce sens et les inégalités persistent en matière d'approvisionnement. Le partage équitable semble être une équation difficile à réaliser si l'on sait que les inégalités se situent d'abord sur le plan géographique, plus de la moitié des réserves hydriques mondiales se répartissant entre 9 pays seulement. Il y a ensuite les atermoiements en matière de financement de l'accès des populations à l'eau, notamment les plus pauvres. D'ailleurs, le déni continue avec cette aberration qui a marqué le 5ème Forum mondial de l'eau qui s'est tenu à Istanbul, en Turquie, et qui a pris fin hier. La déclaration finale ne reconnaît pas l'accès à l'eau comme un droit mais comme un besoin humain. Au grand dam de certains pays et d'ONG qui ont tenté, en vain, de faire modifier la déclaration qui sera immortalisée sous le nom de «Consensus d'Istanbul». Celle-ci a également ignoré la question des eaux transfrontalières, pourtant retenue comme thème de cette rencontre mondiale. Les dirigeants de ce monde se retrouveront sûrement l'année prochaine, à la même date, pour célébrer une ressource qui se tarit d'année en année. Et pour des recommandations qui n'étancheront pas la soif d'une partie de la population mondiale. D'autant plus que les besoins iront en s'accroissant. Plus de 9 milliards d'humains peupleront la planète en 2050 et, selon les estimations de l'ONU, la demande en eau devrait augmenter de 64 milliards de m3 par an. Cette ressource que certains pays accaparent au détriment de nombreux autres est aussi une cause de conflits, l'eau ignorant les frontières. Des exemples existent. Des fleuves déchirent des pays qu'ils traversent. Le «Consensus d'Istanbul» est pourtant passé à côté de cette question alors que c'était son thème. R. M.