Le réalisateur avait voulu que son film sorte simultanément en France et en Algérie mais, à défaut de visa d'exploitation, les cinéphiles algériens devront attendre pour voir cette production, très bien accueillie par les critiques à l'étranger. Pour rappel, Gabbla, Inland pour la distribution à l'international, avait décroché le prix Fipresci de la critique internationale lors de la 65e Mostra de Venise qui a eu lieu entre le 27 août et le 6 septembre de l'année dernière. La bonne appréciation des médias internationaux n'est qu'une suite logique de l'enthousiasme qu'il avait provoqué lors de cette manifestation. «Tarik Teguia est la meilleure nouvelle cinématographique que nous envoie l'Algérie depuis des lustres. Après un premier long métrage riche de grosses promesses [Rome plutôt que vous, 2006], odyssée godardienne d'un jeune couple algérien en partance pour nulle part, Inland, sélectionné en compétition à la dernière Mostra de Venise, sonne l'heure de l'entrée de ce cinéaste de 40 ans, venu de la philosophie et des arts plastiques, dans la cour des grands inventeurs de formes», a écrit mardi dernier le journal le Monde, dans un article intitulé «Inland le prouve, un grand cinéaste est né, il nous vient d'Algérie». Pour sa part, Libération a indiqué, dans son édition d'hier, qu'«en 1940, il avait fallu deux heures à John Ford pour raconter la traversée du paysage américain par les Okies des Raisins de la colère. Soixante-dix ans après, il faudra dix-huit minutes de plus à Tarik Teguia pour s'enfoncer plus loin dans le désert d'Algérie, y perdre quelques illusions et, tel un John Ford berbère, transmettre à son tour en film l'expérience d'un homme qui a pris quelques kilomètres d'avance sur sa communauté». D'autres publications encore, à l'image des Inrockuptibles, lui ont consacré des critiques favorables. En somme, le film est pour l'instant une réussite. Le seul hic dans tout cela, c'est le fait que la date de sa sortie en Algérie n'a pas encore été fixée. Son producteur, Yacine Teguia (Neffa films), qui n'est autre que le frère du réalisateur, s'est dit déçu que Inland ne soit pas sorti en Algérie en même temps qu'en France. Il a tenu à préciser que le dossier pour le visa d'exploitation a été déposé il y a un peu plus d'un mois mais que, pour l'instant, il ne leur a pas été délivré. Dès que tout cela sera réglé, le film sera distribué en salle. En dernier lieu, il est à signaler que Inland raconte l'histoire de Malek, (rôle joué par le comédien Abdelkader Affak), un topographe d'une quarantaine d'années, qui va en mission dans la région de l'Ouest algérien. Arrivé sur les lieux, il découvre un hameau martyrisé par les années de terrorisme. Il y rencontre des gens méfiants qui ont décidé de rentrer chez eux après quelques années d'«exil» dans les grandes villes puisque la vie dans les bidonvilles de ces dernières était devenue «plus intolérable que le risque de mourir assassiné». Un jour, entrant dans la cabine saharienne où il a élu domicile, il découvre une Noire (Ines Rose Djakou) dissimulée dans un coin. Quelques jours plus tard, informée de la présence de cette «sans-papiers», la police débarque sur le chantier. Malek décide alors de prendre la fuite avec elle en se dirigeant vers la frontière marocaine afin d'atteindre Melilla. Seulement, la jeune femme, peu à peu, prend une autre attitude. Elle veut désormais rentrer chez elle. Ils reviennent alors sur leurs pas pour se diriger vers la frontière algéro-malienne. Dans une sorte d'errance sans fin, Malek et la «sans-papiers» se découvrent mutuellement. Inland raconte, donc, l'histoire de l'Algérie, meurtrie par les années de terrorisme, d'un jeune Algérien en quête de soi et d'une Africaine à la recherche d'un monde meilleur, qu'elle finit par «abandonner». Ce film, présenté comme une production algéro-française et réalisé avec le soutien financier du Fonds de développement des arts, des techniques et de l'industrie cinématographique (FDATIC) dépendant du ministère de la Culture, de Hubert Bals Funds (Pays-Bas) et du Fonds Sud du ministère français des Affaires étrangères, entre autres, est le second long métrage de Tarik Teguia. Son premier est Rome plutôt que vous, réalisé en 2006. A. A.