De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Une politique nationale culturelle claire, le soutien à la création, des moyens financiers adéquats, la reconnaissance de l'artiste… tels sont, en substance, les besoins maintes et maintes fois exprimés par les acteurs de la culture à Oran : «Ce ne sont pas les idées qui manquent ni les ressources humaines et encore moins la volonté, a-t-on coutume d'assurer. Mais, on ne peut donner corps à une idée sans aides et apports financiers.» Qu'il s'agisse des responsables des infrastructures officielles, des artistes professionnels ou des groupes et associations culturelles amateurs, tous déplorent le manque de considération à l'égard des arts et, par conséquent, le manque de moyens financiers : «Nos caisses sont vides et nous devons racler les fonds de tiroirs», répond-on au Théâtre régional d'Oran pour expliquer l'absence de nouvelles productions théâtrales. Un manque qui a fait que de nombreux groupes musicaux, des associations, des troupes de théâtre amateur, nés avec l'espoir de ranimer une scène oranaise éteinte, ont dû baisser les bras après avoir longtemps lutté contre la sclérose des autorités culturelles algériennes.» «Nous n'avons pu compter ni sur les autorités ni sur les ‘'anciens'' du théâtre pour nous guider, s'est rappelé Kheireddine, réalisateur et leader de la troupe Al Adjouad. C'est uniquement grâce aux sacrifices consentis par les membres de la troupe que nous sommes arrivés à concrétiser une partie de nos idées.» L'état très déplorable des salles de spectacle et le manque d'empressement des autorités locales à les réhabiliter, l'indigence du secteur du cinéma, l'insuffisance des bibliothèques communales, des librairies…, bref, la rareté des espaces culturels en général font espérer un certain nombre d'Oranais que le prochain Président accordera beaucoup plus d'importance à un département qui n'a jamais bénéficié du statut de «priorité absolue», contrairement à d'autres secteurs. «Nous n'avons pas encore pris conscience de l'importance de la culture dans l'éducation d'un peuple à la tolérance et la non-violence, déplore un enseignant universitaire. Autrement, il y a très longtemps que nous l'aurions mise sur le même pied que l'éducation nationale ou la santé.» A ce titre, beaucoup se demandent ce qu'il est advenu des projets du ministère de la Culture de doter chaque daïra d'une bibliothèque, de créer 10 théâtres régionaux, de remettre sur pied la production cinématographique. «Si le prochain Président parvenait à concrétiser ces projets, ce serait déjà pas si mal pour la culture», estime-t-on à Oran en souhaitant que le prochain locataire d'El Mouradia accorde plus d'intérêt à ce secteur maintenant que «les officiels sont unanimes à affirmer que la sécurité est revenue, que l'Algérie dispose d'un confortable matelas financier et que tous les efforts sont tournés vers le développement.»