Interrogés sur leurs attentes par rapport à l'élection présidentielle du 9 avril prochain, des dizaines de jeunes de la wilaya de Béjaïa insistent particulièrement sur le «travail». Toutes les personnes approchées ont évoqué, en premier, la création d'emplois afin, disent-elles, de permettre à tout un chacun de s'émanciper et d'envisager son avenir sereinement. Dans un reportage diffusé par la radio locale, le même vœu prioritaire revient, en effet, comme un leitmotiv sur la langue de l'ensemble des individus sondés. Salariés en situation précaire, universitaires fraîchement diplômés et chômeurs sans qualification particulière sont unanimes sur cette question fondamentale du travail. «Le chômage est un tourment sourd qui ronge la jeunesse. Un boulot stable est l'unique remède à ce mal silencieux qui nous pousse à commettre de graves erreurs», estime-t-on invariablement. Des porteurs de projets en quête de soutien, filles et garçons, sollicitent des allégements dans les procédures pour pouvoir lancer leurs microentreprises. «La paperasse constitue un grand obstacle devant beaucoup de jeunes qui veulent prendre leur destin en main. On aimerait bien que le futur président opère des simplifications à ce sujet pour réduire la contrainte bureaucratique», tient-on aussi à noter. Dans tout le pays, exactement comme à Béjaïa, la jeunesse -qui représente 75% du peuple algérien- prévoit son avenir dans le pays, pourvu qu'on lui donne les moyens et les instruments nécessaires pour y concrétiser ses rêves. Contrairement aux idées reçues, L'harga (émigration clandestine) n'est qu'un phénomène marginal qui ne traduit pas les aspirations profondes d'une génération montante pleine d'énergie et porteuse de grandes idées. Les six candidats en course pour occuper le palais présidentiel d'El Mouradia ont manifestement perçu ce besoin qui motive intérieurement cette majorité juvénile. Bouteflika, le Président sortant, lui, promet de parachever les initiatives déjà présentes dans ce sens. Il s'est engagé, d'entrée de jeu, à créer 3 millions d'emplois supplémentaires durant le prochain quinquennat. Mohamed Saïd surfe aussi sur cette vague en soulignant -à juste titre, d'ailleurs- qu'il ne suffit pas de critiquer la situation du pays pour la changer. Il sous-entend que cela nécessite beaucoup de travail et d'actions concrètes pour y arriver. Il se propose de prendre des décisions dans ce sens à travers une meilleure distribution du produit intérieur et une stricte moralisation de la vie publique et économique. Idem pour Louiza Hanoune qui compte consacrer les réserves financières du pays à la valorisation des acquis agricoles et industriels de la nation. Un choix visiblement dicté par ce besoin d'émancipation largement exprimé. Dans leurs discours respectifs, Moussa Touati, Fawzi Rebaïne et Djahid Younsi accordent, à leur tour, un intérêt particulier à cette question. Ils poursuivent, selon leurs dires, le même objectif qui consiste à offrir des chances à tous les demandeurs d'emploi et, particulièrement, aux jeunes porteurs d'initiatives. Autant de déclarations d'intention qui ne manqueraient pas de mettre du baume au cœur d'une jeunesse meurtrie. Mais, il ne suffit pas de promettre, il va falloir surtout agir. Agir bien et vite pour offrir des perspectives plus clémentes à cette génération qui a tant souffert et qui s'éveille, désormais, à la vie. Personne n'a moralement le droit de décevoir les espoirs de millions de jeunes qui ont longtemps souffert des affres du terrorisme et de la crise économique. Le pays a aujourd'hui les moyens -économiques et politiques- pour redresser la situation. Le futur président ne doit aucunement oublier cette jeunesse à laquelle il devra son élection à la plus haute institution de l'Etat. K. A.