Actuellement, si la filière céréalière fait montre de grandes capacités de production de semoules et farines au point que l'ère de leurs importations est quasiment révolue, dans d'autres filières, l'autosuffisance ne pointe pas à l'horizon. Des investissements sont donc nécessaires pour mettre en place tout un tissu d'unités de transformation de produits agricoles et marins domestiques. Un objectif qui, semble-t-il, trouve du mal à se concrétiser. Pour quelle raison ? Premier élément de réponse : nos opérateurs se désintéressent de plus en plus de ce créneau d'activité. Ils affichent même une frilosité. Sachant pertinemment que tout investissement doit être rentable. Pour ce faire, deux conditions préalables doivent être remplies. Une maîtrise de l'outil de production et des approvisionnements réguliers, sans coupure aucune. Pour la première condition, elle est tout à fait remplie car, ici et là, on enregistre des progressions certaines, en témoigne l'excellent niveau de qualité des produits alimentaires sortis d'unités de transformation. En revanche, la seconde condition, elle, est loin d'être remplie. Et pour cause. Une trop grande irrégularité des rendements agricoles et plus de bas que de hauts dans les volumes halieutiques. Une donne qui ne peut laisser indifférents nos industriels car, se dressant comme un frein à tout essor de leur activité. Cet état des lieux a été souvent mis en évidence lors de séminaires relatifs à cette problématique. A titre d'exemple, on peut citer une intervention faite par Reda Hamiani, président du forum des chefs d'entreprise (FCE), lors d'une rencontre organisée à Alger sous le thème «Le renouveau de l'économie agricole et le secteur alimentaire en Algérie» qui, en quelques mots, a réussi à schématiser la situation. «Une avancée notable a été constatée en termes de compétitivité du secteur agroindustriel, mais cela reste confronté au délitement du secteur agricole en Algérie», a-t-il signifié. Toujours à la même occasion, le patron du FCE a fait un constat «grave» et sans complaisance de la situation actuelle du secteur de l'agro-industrie. Affirmant par là que le secteur est «déphasé» et que son déphasage «a été aggravé par le libéralisme à la mode algérienne» qui fait aujourd'hui qu'il est «plus facile pour un chef d'entreprise algérienne d'importer les intrants et la matière première que de chercher des complémentarités et de l'approvisionnement au niveau local». Soutenu dans ce sens par des industriels présents à cette rencontre car ils estiment que «la production agricole dans son état actuelle ne répond pas totalement aux besoins de l'industrie de transformation qui exige dans certains cas des produits aux spécificités bien précises». Ce qui veut dire en clair qu'il existe bel et bien un décalage entre le secteur agricole et le monde de l'industrie de transformation en Algérie. Un constat qu'approuve Hamiani. Un décalage qui peut être comblé à la condition que «les acteurs du domaine agricole se mettent à niveau», a plaidé le président du FCE. Et d'insister sur la nécessité de mettre en place «un mécanisme incitatif pour que l'agro-industrie se tourne enfin vers le monde agricole». A la faveur de ce mécanisme incitatif, l'agriculture, la pêche et l'agroalimentaire évolueront en totale synergie. Un moyen donc de libérer le pays de sa grande dépendance alimentaires des marchés extérieurs. Z. A.