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Le groupe Benamor a réhabilité la filière de la tomate industrielle
Grâce à des efforts continus, des investissements judicieux et une stratégie prospective
Publié dans La Tribune le 05 - 04 - 2010

De notre envoyée spéciale à Guelma
Badiaa Amarni
Le secret de la réussite du groupe Benamor spécialisé dans l'agroalimentaire, plus précisément dans la tomate concentrée, les pâtes et la semoule, est sans aucun doute la persévérance de ses responsables à un moment où beaucoup de professionnels du secteur ont mis la clé sous le paillasson, terrassés par la crise qui a laminé la filière de la tomate industrielle. Malgré les appels incessants aux autorités concernées pour leur venir en aide, la situation ne s'est pas améliorée pour autant. Mais attendre l'aide de l'Etat n'est sans doute pas la meilleure solution. Le groupe Benamor l'a démontré en décidant d'aller de l'avant et de travailler dans un secteur où «il y a de la place pour tout le monde», comme n'a cessé de le répéter son directeur général. Alors que le secteur se trouve dans un état de sinistrose avancé à tel point que beaucoup ont fini par le fuir, la famille Benamor a continué à engager des investissements dans cette filière à l'avenir prometteur, avec l'objectif d'aller vers l'exportation.
Proximité avec le monde de l'agriculture
Aujourd'hui, grâce à une démarche de proximité avec le monde de l'agriculture et l'initiation des agriculteurs à de nouvelles techniques et pratiques de la culture de la terre, une condition sine qua non pour de meilleurs rendements et donc une alimentation pérenne de l'industrie de transformation en matières premières, cette expérience, première du genre, est en passe de devenir une réussite éclatante qui, à ce titre, vaut bien qu'on s'y arrête et l'examine dans le détail.Le directeur du groupe, Laïd Benamor, nous confiera en toute modestie qu'il n'a rien inventé et qu'il n'a fait que s'inspirer des expériences qui ont fait leurs preuves dans le monde. Booster la filière a été rendu possible lorsqu'il a engagé les agriculteurs dans une démarche commune, en leur montrant la nécessité d'un partenariat étroit qui pourra servir les deux parties, dans une relation gagnant-gagnant. Et le défi s'est vite transformé en exemple à méditer et pourquoi pas à suivre par les autres industriels de cette filière qui doit alimenter le marché interne dont les besoins sont estimés à 80 000 tonnes. 50% sont couverts par la conserverie Benamor (CAB) grâce à ses deux lignes de production d'une capacité de 1 500 et 3 600 tonnes par jour, pour 435 postes d'emploi.
Une cellule agronomique et une station expérimentale
La production de concentré de tomate est passée de 8 500 tonnes/jour en 2002 à 39 450 tonnes/par jour l'année dernière. Tous ces résultats sont le fruit d'un partenariat mené depuis 6 ans. Le groupe agro-industriel a commencé par travailler avec 15 agriculteurs pris sur le tas la première année, confie l'expert agronome de la CAB, Chebah Messaoud. Selon lui, la seule manière de procéder était la création d'une cellule agronomique mobile qui sillonne Guelma, Skikda et les autres régions de l'Est pour s'informer d'abord sur les agriculteurs et sur leurs moyens de production (qualification, puissance des tracteurs, matériels, etc.). Le travail de terrain a vite démontré que le mal de la tomate, c'était les plants et que beaucoup d'agriculteurs travaillaient à perte, ce qui avait fini par les décourager. La cellule agronomique, qui est fonctionnelle depuis des années, est constituée de six ingénieurs agronomes ayant des missions d'assistance, de vulgarisation, de formation et d'information. En apprenant aux agriculteurs et autres cadres du secteur à mieux travailler avec les nouvelles techniques de fertilisation, de traitement et d'irrigation, les rendements ont vite été triplés. Le choix des variétés est aussi derrière les bons résultats dans les rendements. C'est ainsi qu'une station expérimentale de la culture de la tomate a été mise en place de même qu'une serre multi-chapelles où sont cultivés pas moins de 10 millions de plants de tomate. Créée en 2009 sur une surface totale de 7 000 m2, dont 5 000 m2 occupés par les plants, cette serre, une réalisation 100% algérienne, est aux standards internationaux. Elle a été fabriquée dans la région d'El Fedjouj (Guelma). Pour cette année, il est attendu la production de 5 millions de plants de tomates. Vu la forte demande sur ce produit, il est prévu d'augmenter la surface jusqu'à 3 hectares dès l'année prochaine.La délégation du FCE en visite sur le site a découvert avec émerveillement les réalisations du groupe, notamment la station
expérimentale, véritable vitrine ouverte aux agriculteurs pour mieux choisir les variétés à planter et la serre multi-chapelles, et a salué l'investissement lancé par les Benamor, partenaires très soucieux du développement de l'agriculture en Algérie.M. Chebah fera découvrir aux visiteurs la semeuse qui réalise jusqu'à 800 plateaux de semence à l'heure. La précision de cette machine semi-automatique a permis de faire d'appréciables économies sur les prix des graines mises en terre. Cette machine n'utilise que 60 grammes pour l'ensemencement d'un hectare alors qu'auparavant pas moins de 125 grammes de graines étaient nécessaires pour la même surface. Grâce aux techniques introduites, le temps de la levée, qui était de 7 à 8 jours, a été réduit jusqu'à 36 heures. Pour cet agronome, «il est nécessaire d'écouter les fellahs. Il faut les mettre à côté de soi et non derrière. Il faut les accompagner et leur prendre la main. Et c'est là la clé de la réussite». Animé par une passion sans égale pour la tomate, ce fruit qu'il n'a cessé de vanter tout au long de son exposé devant un parterre d'opérateurs économiques qui l'ont écouté avant de l'applaudir, ce spécialiste en agronomie dira aussi qu'«il faut prendre la main aux ingénieurs agronomes en chômage en les aidant à sillonner chacun sa région pour aller à l'écoute des fellahs au lieu de laisser les charlatans s'ériger en professionnels dans un domaine qui n'est pas le leur».Refusant de s'arrêter en si bon chemin et ne voulant pas rester au milieu du gué, le groupe Benamor compte poursuivre ses efforts pour maîtriser tous les maillons de la filière. Aussi a-t-il décidé de continuer à investir dans le domaine de la transformation de la tomate industrielle, dans la perspective de conforter la réhabilitation de la filière tout en veillant à la pérennité de cette culture.
D'autres efforts pour soutenir la filière
Pour ce faire, il est prévu la mise à la disposition des producteurs de 20 machines en leasing dans le cadre d'un dispositif contractuel d'adhésion et l'augmentation de la production en motte de 10 à 40 millions de plants pour satisfaire les besoins d'exploitation de 2 000 ha. Toujours dans sa stratégie de développement, le groupe compte mécaniser davantage la récolte par l'acquisition de récolteuses d'une capacité de 40 tonnes par heure. Pour l'amélioration des rendements, il prévoit l'introduction de nouvelles variétés à maturité groupée, résistant aux fortes chaleurs et adaptées à la mécanisation, et, enfin, intensifier la culture de la tomate afin d'économiser l'eau et les superficies cultivables.
Une station portuaire de réception et de stockage du blé
Pour diversifier ses activités et ne pas se limiter à la production du concentré de tomate, le groupe Benamor a investi d'autres créneaux tels que la production de pâtes alimentaires et de semoule. Des installations gigantesques sont mises en place dans la région d'El Fedjoudj. L'unité semoule a été créée en 2000 sur une superficie de 42 500 m2. Sa capacité de production est de 700 tonnes par jour alors que celle du stockage de blé est de 27 500 tonnes. l'unité pâtes alimentaires et couscous, qui est aussi installée à El Fedjoudj, elle, a été érigée sur une superficie de 40 000 m2. Ses capacités de production en pâtes courtes sont de 50 000 tonnes par an et en couscous de 10 000 tonnes. 370 employés y travaillent, dont
60 cadres, 70 agents de maîtrise et 240 agents d'exécution. Grâce aux efforts consentis, la production ne cesse de s'accroître dans cette unité. Les quantités de semoule sont passées de 38 012 tonnes en 2002 à 116 312 tonnes en 2009. Les quantités de semoule pour pâtes sont passées de 1 932 tonnes en 2002 à 8 888 tonnes l'année dernière. Toujours pour cette même période, la production de farine est passée de 17 312 à 51 808 tonnes. Les quantités de pâtes courtes et de couscous produites depuis la fin de l'année dernière sont respectivement de 5 153 et
3 076 tonnes.La visite guidée des «Moulins d'or Benamor» a permis à la délégation économique de découvrir un nombre impressionnant de machines qui tournent à plein régime. S'agissant des projets du groupe, il est prévu la mise en place d'un moulin à blé tendre d'une capacité de 500 tonnes par jour, d'un moulin à blé dur de 400 tonnes par jour, d'une fabrique pour aliments de bétail et d'une autre pour les pâtes alimentaires, dont les pâtes longues, avec une capacité de production de 25 000 tonnes par an, le couscous avec 20 000 tonnes/an et les pâtes spéciales avec 3 500 tonnes par an. Cela en plus d'une station portuaire de réception et de stockage de blé de 50 000 tonnes. L'expérience du groupe Benamor gagnerait à être encouragée et élargie à d'autres secteurs selon leurs spécificités, surtout lorsqu'on sait que la stratégie de l'Etat est de limiter les importations et d'aller vers l'augmentation des exportations hors hydrocarbures. Cet objectif ne peut être atteint que si la production nationale est soutenue.


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