Au moment où la campagne pour l'élection présidentielle du 9 avril prochain aborde sa ligne droite, le citoyen algérien fait face à une inquiétante flambée des prix sur le marché des fruits et légumes. Cette flambée, que les ménages n'arrivent plus à supporter, ne devrait pas passer sans rappeler aux candidats à la magistrature suprême les questions directement liées au vécu quotidien des Algériens. Ces derniers, usés par des salaires en permanente stagnation et un pouvoir d'achat en perpétuelle dégradation, ne savent plus à quel saint se vouer. S'il est vrai que ce n'est pas la première fois que l'on assiste à une flambée des prix des produits de large consommation, il faudrait relever, en revanche, deux éléments nouveaux qui entourent cette tendance du marché. Il s'agit, en premier lieu, du caractère «soudain» de cette hausse des prix et, en second lieu, de sa proximité avec la tenue de l'élection présidentielle. Rassemblés, les deux facteurs imposent des interrogations, qui risquent de ne pas trouver de réponses fiables tellement le secteur est parsemé de confusion. Pour l'Union générale des agriculteurs algériens, la hausse des prix de la pomme de terre s'explique par la «disparition soudaine» d'importantes quantités sur les marchés de gros, à l'approche du rendez-vous électoral. S'il est établi que les prix des produits fortement demandés par les Algériens ne sont que rarement définis par la loi du marché, il n'en demeure pas moins que la présente hausse est révélatrice de l'échec de la batterie de mesures prises par les pouvoirs publics dans la perspective d'améliorer la production et de maîtriser sa commercialisation. Ce qui est censé aboutir à une tarification à la portée des citoyens. Le marché national semble visiblement insensible aux mesures prises dans l'objectif de réduire les coûts de la production. Un système de régulation des prix des légumes a été récemment mis en œuvre pour maintenir à un niveau abordable les prix de certains produits de large consommation. L'impact positif de la mesure s'est avéré limité dans le temps. Les Algériens avaient l'habitude de vivre la hausse des prix de manière générale à l'approche du mois de Ramadhan. Cette fois-ci, le contexte est différent. Il est marqué par le déroulement d'une échéance électorale à dimension nationale. Un complot visant à «mettre à sec les citoyens algériens, en plus d'une pression sociale lors de la campagne électorale pour focaliser leur attention sur les prix», a expliqué le responsable des agriculteurs algériens. La hausse des prix impose incontestablement ses interrogations, à la limite de l'énigme. Il ne serait pas inutile de se demander en parallèle ce que sera la durée de vie et l'apport des mesures et autres systèmes de régulation mis en place à chaque fois qu'il y a crise sur le marché. A. Y.